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La première condamnation pénale de Trump pourrait être la dernière

L’histoire retiendra que le procureur de New York a réussi là où ses confrères ont échoué : condamner Donald Trump au pénal. Certes moins glamour que l’ingérence électorale ou la rétention de documents classifiés, ce dossier risque d’être le seul jugé avant la présidentielle.

Le procureur qui l’a instruit, Alvin Bragg, 50 ans, a connu un modeste triomphe jeudi soir après le verdict. «J’ai fait mon travail. Nous avons fait notre travail »» commenta-t-il sobrement.

« La seule voix qui compte est celle du jury, et le jury a parlé »a déclaré Alvin Bragg, soulignant la décision unanime des douze jurés de déclarer Donald Trump « coupable de 34 chefs de falsification comptable aggravée en vue de dissimuler un complot visant à pervertir les élections de 2016 ».

Le juge Juan Merchan a fixé la peine au 11 juillet.

Une revanche incontestable pour celui qui est devenu en avril 2023 le premier procureur à poursuivre pénalement un ancien président américain. À l’époque, la plupart des commentateurs juridiques pointaient une procédure juridiquement viciée et des accusations vénielles par rapport à d’autres enquêtes visant Donald Trump et nombre d’entre eux n’ont pas baissé les bras.

« Il y a un an, la plupart des gens comme moi auraient dit que c’était l’affaire la moins susceptible d’aboutir à un procès, que c’était probablement la moins importante. »reconnaît auprès de l’AFP l’ancien procureur fédéral Randall Eliason, professeur de droit pénal à l’université George Washington.

D’autant qu’Alvin Bragg n’affiche ni l’austérité solennelle du procureur spécial Jack Smith ni le sens de la répartie mordante de la procureure Fani Willis.

La première condamnation pénale de Trump pourrait être la dernière

La première enquête sur une procédure fédérale contre l’ancien président républicain pour tentatives illicites d’annuler les résultats des élections de 2020 et pour rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche. Le second mène l’accusation contre lui et 14 autres personnes dans l’Etat clé de Géorgie (sud-est) pour des actes connexes d’ingérence électorale en 2020.

« Fichier plus simple »

Des poursuites nettement plus graves que dans l’affaire new-yorkaise, puisque Donald Trump n’était alors plus un simple candidat, mais soit un président sortant, soit un ancien président.

Mais c’est précisément ce qui a retardé le procès dans les trois autres affaires, explique Randall Eliason.

« Les autres soulèvent des questions plus compliquées sur son inculpation pour ce qu’il a fait pendant ou après la présidence »précise-t-il.

« À cet égard, il s’agissait d’une affaire beaucoup plus simple, qui a permis d’avancer plus rapidement, car elle ne comportait pas beaucoup de questions constitutionnelles difficiles »ajoute l’expert.

« Ce n’est pas tant que celui-ci a bougé rapidement, mais que les trois autres se sont enlisés pour différentes raisons »conclut-il.

En faisant appel, les avocats du candidat républicain à l’élection du 5 novembre contre son successeur démocrate Joe Biden sont parvenus à reporter sine die les trois autres procès.

« Le procès le plus important serait celui concernant l’ingérence électorale » au niveau fédéral, souligne le spécialiste du droit électoral Richard Hasen sur son blog, qualifiant la procédure à New York de « affaire relativement mineure ».

« Et il est très peu probable que ce procès ait lieu avant les élections tant que la Cour suprême tarde à se prononcer sur son appel d’immunité »se lamente-t-il.

Cette procédure est suspendue jusqu’à ce que la Cour suprême, à majorité conservatrice, se prononce sur l’immunité pénale invoquée par Donald Trump en tant qu’ancien président.

La plus haute juridiction du pays ne devrait pas se prononcer avant juin, voire juillet. Les neuf juges semblaient en avril insensibles aux arguments en faveur d’une immunité pénale absolue pour un ancien président, mais la date ainsi que le libellé de leur décision pourraient définitivement compromettre la tenue du procès avant l’élection.

S’il était réélu, Donald Trump pourrait, une fois investi en janvier 2025, ordonner l’abandon des poursuites fédérales à son encontre.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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