Lors d’un discours lors d’un rassemblement de son mouvement Coalition civique ce samedi, le chef du gouvernement polonais Donald Tusk a annoncé vouloir suspendre partiellement le droit d’asile pour les migrants en situation illégale, grâce à l’aval de l’Union européenne.
Une lutte « sans merci ». Le chef du gouvernement polonais Donald Tusk a annoncé ce samedi 12 octobre vouloir suspendre partiellement le droit d’asile pour les migrants entrant illégalement en Pologne et qu’il demanderait à l’UE d’entériner cette mesure.
Donald Tusk a assuré que son pays lutterait « sans pitié » contre l’immigration clandestine, afin de « rétablir le contrôle » de la migration et « assurer la sécurité » du territoire. « Je dis haut et fort aujourd’hui que parmi les éléments de la stratégie migratoire figurera la suspension territoriale temporaire du droit d’asile », a-t-il déclaré, précisant vouloir demander à l’Europe de « reconnaître » cette décision.
Repenser la politique migratoire de l’UE
Le Premier ministre, qui devait présenter samedi sa stratégie migratoire, a reporté cette annonce à mardi, lors d’une réunion de son gouvernement. «Nous savons très bien comment (le dirigeant biélorusse) Alexandre Loukachenko, Vladimir Poutine, les passeurs et les trafiquants d’êtres humains l’utilisent (le droit d’asile, ndlr). La manière dont ce droit d’asile est utilisé va exactement à l’encontre de l’essence du droit d’asile », a-t-il poursuivi.
« Nous n’allons respecter ou appliquer aucune idée européenne qui (…) porte atteinte à notre sécurité, et je pense ici au pacte sur la migration », a insisté Donald Tusk.
La Pologne, membre de l’Otan et de l’Union européenne (UE), accuse Moscou et Minsk d’avoir organisé cet afflux de migrants dans le cadre d’une attaque « hybride » destinée à déstabiliser la région et l’ensemble de l’UE, une accusation rejetée par le régime biélorusse. En mai, la Pologne a annoncé qu’elle dépenserait plus de 2,3 milliards d’euros pour renforcer la frontière polono-biélorusse qui marque la limite orientale de l’UE.
« La Pologne doit être un pays sûr. Les Polonais et les Polonaises doivent se sentir libres. Sûr et gratuit dans leur propre pays. D’où l’importance de notre politique migratoire », a insisté Donald Tusk, ancien chef du Conseil européen.
Un système en partie « corrompu »
Le Premier ministre a également critiqué ses prédécesseurs nationalistes pour « le manque de contrôle réel et le chaos de la politique migratoire », les accusant d’avoir créé un système « basé en partie sur la corruption », qui a permis à « des centaines de milliers de personnes venues d’Asie ou d’Afrique de s’échapper ». » pour passer en Pologne.
Dans le même esprit, Donald Tusk a annoncé qu’il poursuivrait une politique d’immigration contrôlée par l’État. « L’État est là pour garantir que les gens viennent en Pologne qui veulent travailler honnêtement, payer des impôts, s’intégrer dans la société polonaise et étudier », a en réalité ajouté le Premier ministre.
Cette situation inquiète particulièrement la Pologne qui, selon les experts, risque de souffrir à l’avenir d’une importante pénurie de main-d’œuvre pour des raisons démographiques. Mercredi 9 octobre, Varsovie et Prague ont appelé à un durcissement de la politique migratoire européenne, prônant une « version plus stricte et différente du pacte migratoire de l’UE », adopté le 14 mai, et qui devrait entrer en vigueur mi-2026.
Varsovie et Prague, qui abritent de nombreux réfugiés ukrainiens et sont en proie à une pression migratoire, réclament une meilleure protection des frontières extérieures de l’UE et critiquent la restauration des frontières intérieures comme l’a fait l’Allemagne.
Varsovie et Prague avaient annoncé ensemble qu’elles demanderaient « un débat politique très sérieux sur la migration » à Bruxelles, à partir du prochain Conseil européen de la mi-octobre.