La Pologne va tripler sa présence militaire à ses frontières avec l’enclave russe de Kaliningrad et la Biélorussie. « Actuellement, il y a près de 6 000 soldats » mais «Il y en aura finalement jusqu’à 17 000, dont 8 sur place et 9 000 en réserve», prêt à être déployé sur place dans les 48 heures, formant « une force de réaction rapide aux frontières », a déclaré mercredi le chef d’état-major de l’armée polonaise, le général Wieslaw Kukula.
Concrètement, la Pologne soutient les gardes-frontières sur le terrain et se prépare à d’éventuelles attaques. « surprises » de Moscou et de Minsk. « Tout le monde est conscient de la dangerosité de la situation, je pense ici à la guerre en Ukraine et à ce que fait la Fédération de Russie », a-t-il ajouté. Le vice-ministre polonais de la Défense, Cezary Tomczyk, a déclaré aux journalistes, lors d’une discussion « provocations incessantes » à la frontière polono-biélorusse
Le gouvernement polonais accuse depuis longtemps la Russie et la Biélorussie d’orchestrer l’afflux de migrants en Pologne dans le but de déstabiliser la région par des attaques hybrides. Selon les gardes-frontières polonais, plus de 17 000 tentatives de franchissement illégal de la frontière biélorusse ont été détectées depuis le début de l’année, certains migrants étant accusés de comportement agressif. En juin, un soldat polonais a été poignardé à mort alors que des migrants tentaient d’entrer en Pologne, dans des circonstances qui font toujours l’objet d’une enquête.
Fortifier la frontière
L’objectif de ce déploiement militaire polonais est également de protéger et de soutenir la construction d’importantes infrastructures de défense prévues dans le cadre d’un vaste programme gouvernemental baptisé « Bouclier oriental ». Le gouvernement investira plus de deux milliards d’euros dans ce projet, comme l’a assuré le Premier ministre Donald Tusk en mai dernier.
« Ce système de fortifications, renforçant sur 400 kilomètres la frontière avec la Russie et la Biélorussie, sera un élément de dissuasion, une stratégie pour repousser la guerre jusqu’à nos frontières », a-t-il ajouté. a-t-il ajouté, précisant que les travaux avaient déjà commencé.
Le vice-ministre polonais de la Défense a précisé mercredi que les objectifs du projet devraient être atteints d’ici 2028, et non d’ici 2032 comme prévu précédemment. Selon lui, la Pologne a entamé des négociations avec la Banque européenne d’investissement pour obtenir son soutien financier et compte sur des décisions similaires au niveau européen. « non seulement la sécurité de la Pologne mais aussi celle des pays baltes », Le général Kukula a souligné.
La Lituanie, la Lettonie et l’Estonie y sont également favorables. Leurs dirigeants, ainsi que le Premier ministre polonais, ont écrit fin juin aux institutions européennes à ce sujet afin d’obtenir une aide pour sa mise en œuvre. « L’ampleur et le coût de cette entreprise commune nécessitent une action spécifique de l’UE pour la soutenir politiquement et financièrement »ils ont dit.
Parallèlement, face à la menace russe, la Pologne a entrepris une modernisation rapide de son armée. Le pays compte allouer un budget d’environ 4 % du PIB à son secteur de la défense, là où l’Otan recommande 2 % – c’est d’ailleurs le budget le plus élevé parmi les pays membres de l’Alliance. Sachant qu’entre 2022 et 2023, son budget consacré à l’armement est déjà passé de 12 à 20 milliards d’euros. Elle a également lancé, au prix de milliards de dollars, une série d’achats de matériel militaire, principalement auprès des États-Unis et de la Corée du Sud.
Un allié fidèle de l’Ukraine
La Pologne ne se préoccupe cependant pas uniquement d’elle-même. Depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, elle apporte un soutien ferme à Kiev. En témoigne l’accord bilatéral de coopération en matière de sécurité signé entre les deux pays ce lundi.
Ce dernier, similaire en substance à celui signé par l’Ukraine avec d’autres États, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France, ainsi que l’Union européenne, évoque notamment un développement commun pour davantage de coopération politique, militaire et économique et « coopérer étroitement à la reconstruction de l’Ukraine en tant qu’État souverain et démocratique »Elle renforce également l’aide à l’Ukraine et engage les pays à la poursuivre.
« Vous pouvez toujours compter sur nous » Donald Task a assuré Volodymyr Zelensky.
De plus, en un peu plus de deux ans de guerre, la Pologne a « a fait don de 44 lots d’armes et de munitions diverses » à l’Ukraine. Elle lui a également apporté de l’aide « sous forme de formation, de logistique, d’approvisionnement, d’entretien et de réparations ainsi que dans le domaine de l’assistance médicale. »
Et si la Pologne a cessé de lui fournir des armes depuis septembre 2023, elle continue d’entretenir sur son territoire un important hub destiné à approvisionner Kiev en armes occidentales. Ces liens sécuritaires cruciaux s’approfondissent notamment par la mise en place de coopérations dans les domaines des industries de défense, de la cybersécurité et des services de renseignement ainsi que des infrastructures routières et ferroviaires entre les deux pays.
(Avec AFP)