Varsovie a notamment révisé les conditions de versement des allocations aux réfugiés, qui sont désormais conditionnées au respect de nouvelles règles à l’école pour les réfugiés ukrainiens.
Publié
Temps de lecture : 5 min
La Pologne durcit les conditions de vie des réfugiés ukrainiens dans le pays. Depuis la rentrée scolaire, les familles ukrainiennes ne peuvent plus percevoir d’allocations familiales si leurs enfants ne sont pas inscrits dans le système scolaire polonais. Il s’agit d’une mesure d’intégration renforcée, puisque jusqu’à présent, la moitié des enfants ukrainiens étaient en dehors du système scolaire polonais.
Dans une école ukrainienne de Varsovie, la rentrée scolaire est quelque peu inhabituelle cette année. La direction a décidé de s’associer à une école locale pour aider les élèves à s’intégrer dans le système scolaire polonais. « Pour les étudiants, cela signifie des heures supplémentaires de cours de polonais après l’école et des matières supplémentaires qui n’existent pas dans le système ukrainien », explique Olena.
« L’école est sur le territoire polonais, il faut donc s’intégrer au système, mais sans aller trop vite, de la manière la plus douce possible pour les élèves. Et pour tous les autres, car tout cela est nouveau pour les élèves, mais aussi pour les enseignants. »
Une démarche douce qui convient également aux parents. Grâce à ce partenariat, leurs enfants sont inscrits dans le système scolaire polonais : ils continueront donc à percevoir plus de 200 euros d’allocation mensuelle par enfant.
Ce conditionnement des aides financières était un moyen pour le gouvernement d’accélérer l’intégration des jeunes Ukrainiens sur son sol. En 2023, plus de la moitié d’entre eux échappaient encore au système scolaire polonais. Ceux qui n’avaient pas accès aux écoles ukrainiennes en présentiel continuaient de suivre leurs cours scolaires en Ukraine, par visioconférence, voire abandonnaient complètement l’école.
Viatcheslav enseigne l’histoire et, comme tous ses collègues, il a adopté le polonais et adapté le programme de son cours. « De temps en temps, nous mélangeons l’histoire ukrainienne et l’histoire polonaise, car il y a des périodes très importantes de l’histoire polonaise que nos élèves doivent également connaître. Pour le moment, je ne leur donne que quelques éléments des cours en polonais. Mais les enfants et leurs parents doivent comprendre que tous ceux qui vivent ici doivent s’intégrer dans la société. Ce n’est pas négociable. » Selon le ministère de l’Éducation, entre 60 000 et 80 000 élèves ukrainiens devraient fréquenter les écoles polonaises à la rentrée.
En février 2023, un an après le début de la guerre en Ukraine, 16 millions d’entrées ont été enregistrées sur le territoire de l’Union européenne en provenance d’Ukraine et de Moldavie. Depuis, selon les chiffres fournis par la Commission européenne, environ 11 millions d’Ukrainiens ont fait le voyage dans l’autre sens. Au total, ils sont désormais entre 4 et 4,5 millions à s’être installés définitivement en Europe.
Les disparités entre les États membres sont très fortes. La Pologne, qui avec 900 000 réfugiés ukrainiens, se classe actuellement au deuxième rang de l’Union européenne, juste derrière l’Allemagne qui en accueille près de 1,2 million. Si l’on rapporte le nombre de réfugiés à la population des pays d’accueil, la Pologne, les États baltes, la République tchèque, la Slovaquie et la Bulgarie arrivent également en tête, avec environ 25 réfugiés pour 1 000 habitants.
Pour la France, le chiffre n’est que de 1 pour 1 000, avec 65 000 personnes accueillies. Le pays avait prévu d’accueillir 150 000 Ukrainiens, soit le double du nombre de personnes actuellement présentes en France. Mais l’éloignement de l’Ukraine, la barrière de la langue, entre autres, font que la France reste peu attractive pour ces personnes qui ont fui la guerre.