la police expulse des manifestants pro-palestiniens de l’université de Columbia
La grande et très renommée université de Manhattan est depuis deux semaines l’épicentre d’un mouvement sur les campus américains en faveur de la cause palestinienne. Des dizaines de personnes ont été arrêtées mardi soir.
La police new-yorkaise est intervenue manu militari mardi 30 avril au soir à l’université de Columbia, épicentre de la mobilisation pro-palestinienne sur les campus américains, afin de déloger les manifestants qui s’étaient barricadés dans un bâtiment depuis la nuit précédente. Tous les manifestants ont été évacués du campus, selon les médias américains.
La colère des étudiants américains s’étend depuis deux semaines des grandes universités de la Côte Est à celles de Californie en passant par le Sud et le Centre, rappelant les manifestations contre la guerre du Vietnam à la fin des années 1960. A New York mardi soir (vers 01h30 GMT mercredi), c’est en tenue anti-émeute, aidés par un véhicule d’intervention muni d’une échelle, que des dizaines, voire des centaines de policiers sont entrés dans le campus. Des agents casqués, grimpant à l’échelle, sont ensuite entrés par une fenêtre dans le bâtiment occupé.
Des dizaines de personnes, certaines portant des keffiehs, ont été arrêtées et placées dans des bus de la police, a constaté l’AFP. A l’extérieur du campus, la foule criait « Palestine libre! ».
« Les événements d’hier soir sur le campus ne nous ont pas laissé le choix », a écrit la présidente de l’université, Minouche Shafik, dans une lettre rendue publique demandant à la police new-yorkaise d’intervenir sur le périmètre de cet établissement privé de Manhattan. Pendant deux semaines, elle et de nombreux autres dirigeants d’universités à travers le pays ont fait face à des manifestants occupant leurs campus pour s’opposer à la guerre menée par Israël à Gaza contre le Hamas. Dans sa lettre à la police new-yorkaise, Minouche Shafik demande aux forces de l’ordre de « maintenir une présence sur le campus au moins jusqu’au 17 mai, afin de maintenir l’ordre et de garantir qu’aucun campement ne soit établi ».
Tente « village »
Dans la nuit de lundi à mardi, quelques dizaines de manifestants se sont barricadés dans un immeuble, le Hamilton Hall. Le bâtiment a été rebaptisé « Hind’s Hall » par le groupe pro-palestinien « Columbia University Apartheid Divest », en hommage à une fillette de six ans tuée à Gaza. Sur son compte Instagram, ce groupe a dénoncé un « invasion » du campus. La présidence de la Colombie a débuté lundi à « Suspendre » administrativement les étudiants qui refusaient de quitter le « village » de tentes.
A six mois de l’élection présidentielle dans un pays polarisé, ce mouvement étudiant a provoqué une vive réaction du monde politique. Joe Biden « il faut faire quelque chose » contre ces « agitateurs rémunérés »» a déclaré mardi soir le candidat républicain Donald Trump sur Fox News. « Nous devons mettre fin à l’antisémitisme qui sévit aujourd’hui dans notre pays »il ajouta. « Alors que l’Université de Columbia est dans le chaos, Joe Biden est absent car il a peur d’aborder le sujet », a écrit sur X le leader républicain de la Chambre des représentants Mike Johnson dans la soirée. Il réclame depuis longtemps le départ de sa présidente, Minouche Shafik.
Accusations d’antisémitisme
« Occuper de force un bâtiment universitaire n’est pas une bonne approche » et ne représente pas « pas un exemple de manifestation pacifique »avait tonné avant l’intervention policière John Kirby, porte-parole du Conseil national de sécurité du président démocrate Joe Biden.
Les manifestants pro-palestiniens exigent que leurs universités rompent leurs liens avec des mécènes ou des entreprises liées à Israël. Colombie refuse. Ces nouvelles manifestations pro-palestiniennes aux Etats-Unis ont relancé depuis octobre le débat électrique entre liberté d’expression et accusations d’antisémitisme. Le pays compte le plus grand nombre de Juifs au monde après Israël et des millions d’Américains arabo-musulmans.