En Europe de l’Est, en Ukraine, un site découvert il y a plus de cinquante ans retient l’attention des chercheurs. Une équipe d’archéologues pense avoir découvert l’une des villes les plus anciennes du monde, encore plus ancienne que les villes mésopotamiennes.
L’histoire est empreinte d’incertitude, les certitudes évoluant au fil des découvertes. Des recherches archéologiques récentes menées sur un site ukrainien suggèrent que les premières villes imaginées à partir d’un plan urbain précis sont apparues en Europe de l’Est. Dans un article publié le 15 juin, le journal Nouveau Zürcher Zeitung a raconté les découvertes des universitaires au cours des derniers mois. Des villes construites par des humains affiliésaffiliés à la culture Cucuteni-Trypillia serait antérieure aux constructions mésopotamiennes. Cette affirmation remet en question l’historiographie existante concernant la survenue d’une « révolution » urbaine exclusive au Levant à l’âge du bronze.
L’émergence de l’urbanisme à la préhistoire
Pour beaucoup historienshistoriensLa Mésopotamie est un berceau civilisationnel. Les premiers villages apparaissent après l’apparition de l’agriculture dans le Croissant Fertile. Cette région est située entre le deltadelta de Chatt-el-Arab, au confluent du TigreTigre et l’Euphrate et le sud de l’Anatolie. Si l’installation des populations a commencé dès 11 000 avant JC, l’étude des couches stratigraphiques révèle que les premiers villages sont en réalité apparus dès 7 000 avant JC. Certains sites habités vont s’agrandir au fil des siècles, mais il faudra attendre IVe millénaire pour l’émergence de cités-États structurées, comme Uruk vers 3500 avant JC. Ce site majeur du Néolithique est considéré par les chercheurs comme leépicentreépicentre d’une révolution urbaine qui se poursuivra plusieurs siècles après sa chute.
Située au sud de la capitale irakienne, Bagdad, Uruk s’étendait sur 550 hectares en 2900. Si l’ancienne ville de Mésopotamie est prise comme référence, c’est notamment en raison de son agencement. Un mur de 9,5 kilomètres de long entoure la ville, dont le noyau est principalement constitué de temples. Un schéma que l’on retrouve même dans les villes médiévales européennes, avec des quartiers commerciaux ou résidentiels répartis autour d’un lieu de culte ou de pouvoir, comme une église ou une abbaye. Avec cette référence, le site en Ukraine intrigue. Plus de 2 000 ans auparavantémergenceémergence d’Uruk, le « méga-site » de Trypillia aurait hébergé près de dix mille habitants sur plusieurs centaines d’hectares.
Un « méga-site » néolithique en Ukraine : le premier du genre ?
En 1884, les premières traces de la culture Cucuteni furent découvertes en Roumanie, près de la ville de Iasi. Mais c’est à partir de 1960 que le site de Trypillia commence à être détecté. La revue Tout ce qui est intéressant rapporte qu’un topographetopographe Le Soviétique Konstantin Shishkin observe anomaliesanomalies sur une photographie aérienne prise au-dessus de l’oblast de Kyiv. Les ombres concentriques ont attiré l’attention des chercheurs et des études de terrain ont été initiées dès 1971. Il s’agit d’un site d’environ 320 hectares qui s’étend à quelques kilomètres de la capitale ukrainienne.
Dès 2010, les archéologues allemands ont commencé à traquer cette culture dont peu de vestiges nous sont parvenus à travers les âges. Des artefacts ont ainsi été retrouvés et exhumés, notamment des poteries décorées, vieilles de 6 000 ans. Ce méga-site est en effet découpé en structures concentriques, qualifiées de proto-urbaines. Les logements examinés par les chercheurs sont principalement composés deargileargile et de boireboireconçu pour être modulaire. Les datations font référence à une floraison de la cité préhistorique entre le Ve et le IVe siècle avant JC Les travaux archéologiques sont prometteurs. Mais de nombreuses incertitudes demeurent : il faudra attendre de nouvelles recherches pour détrôner Uruk et les cités mésopotamiennes. Les archéologues précisent également que les fouilles vont se poursuivre à Trypillia, la guerre en Ukraine ne semblant pas altérer la volonté des chercheurs d’en apprendre davantage sur une culture néolithique méconnue.