Au final, c’est tout ce qui reste. La pierre tombale offre une image définitive du défunt à ceux qui la visitent. Au XVIIe siècle, les colons britanniques installés sur la côte est de ce qui allait devenir les États-Unis pensaient ainsi. Des archéologues ont trouvé une pierre tombale noire à Jamestown, en Virginie, gravée d’un chevalier. Pendant une décennie, le professeur Markus Key a essayé de déterminer à qui elle appartenait et d’où elle venait. Dans un article paru dans l’International Journal of Historical Archaeology le 4 septembre, il explique qu’il y est parvenu.
Avec sa collègue Rebecca Rossi, Markus Key a découvert pour la première fois que cette pierre tombale était la plus ancienne de la région et donc du pays, puisque c’est à Jamestown que la première colonie a été établie, en 1607. Les indigènes utilisaient certainement des éléments pour recouvrir les tombes avant cela, mais les archéologues pensent qu’ils le faisaient avec du bois ou d’autres matériaux, perdus au fil du temps.
À quel chevalier de Jamestown appartenait la pierre ?
La pierre tombale qui a intéressé les deux archéologues date de 1627. Réalisée en calcaire noir, elle est brisée à plusieurs endroits – visiblement depuis très longtemps – et les chercheurs pensent qu’elle était autrefois décorée d’incrustations de laiton, qui ont été détruites. Malgré les dessins indiquant qu’il s’agissait de la tombe d’un chevalier, aucun nom ni inscription écrite ne donnait d’indication sur l’identité du défunt.
Seuls deux chevaliers moururent à Jamestown entre 1617 et 1637. Le premier fut le premier gouverneur de la colonie. Il mourut en 1618 lors de la traversée de l’Atlantique. Le second fut Sir George Yeardley. En 1680, son petit-fils par alliance écrivit une lettre demandant que les mêmes inscriptions soient gravées sur sa tombe que sur celle du « tombeau brisé »Il semblerait donc que le mystérieux chevalier décédé en 1627 soit Sir George Yeardley. L’homme, né à Southwark, en Angleterre, en 1588, avait émigré en Virginie en 1610. En 1618, il avait été nommé gouverneur par le roi Jacques Ier. Aucun échantillon ne peut être prélevé pour prouver qu’il s’agit bien de sa tombe puisque les os ont été exhumés il y a bien longtemps et n’ont pas été conservés dans de bonnes conditions pour retrouver de l’ADN.
Pierres expédiées d’Europe
La question suivante était de savoir où Sir George Yeardley avait trouvé la pierre qui servirait à recouvrir sa tombe. Markus Key et Rebecca Rossi ont analysé les sédiments fossiles de cette pierre. « En raison des processus évolutifs, les espèces biologiques sont beaucoup plus uniques dans le temps et l’espace que les éléments chimiques ou les rapports isotopiques. »notes de Markus Key pour Phys.org.
Les résultats ont révélé que la pierre provenait soit d’Irlande, soit de Belgique. Les relations commerciales historiques pour le commerce de la pierre tendent à pencher en faveur du plat pays. Tout porte donc à croire que les riches colons britanniques en Amérique faisaient graver leurs pierres tombales à la manière européenne avant de mourir et de les expédier là-bas.
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