Toujours pas de fumée blanche au sommet du Nouveau Front populaire (NFP), mais une liste de noms qui s’allonge… Depuis le second tour des législatives, l’alliance de gauche s’enlise dans des discussions sans fin, incapable de s’entendre sur le choix d’un Premier ministre, et donne du grain à moudre à ses adversaires de droite et du camp présidentiel. Au cœur de la saga : le bras de fer entre les socialistes, qui veulent imposer leur chef, Olivier Faure, le seul à leurs yeux qu’Emmanuel Macron ne pourra refuser, et les « insoumis », qui réclament à Matignon l’un des leurs, et pourquoi pas Jean-Luc Mélenchon, au motif que La France insoumise (LFI) détient la première force en nombre de députés à l’Assemblée nationale.
Olivier Faure ou Jean-Luc Mélenchon ? Jeudi 11 juillet, l’équation semblait définitivement posée. Jusqu’à vendredi. Quand on a découvert que le Parti communiste (PCF) poussait officiellement la candidature d’Huguette Bello, présidente du conseil régional de La Réunion, ancienne membre du Parti communiste réunionnais.
Fabien Roussel a discrètement mis son nom sur la table dans la nuit de mercredi à jeudi, alors que les discussions s’enlisaient et que certains pariaient sur leur échec. Il était 1h30 du matin lorsque le communiste et la numéro un des Verts, Marine Tondelier, commençaient à se lasser des querelles LFI-PS. Les écologistes n’ont pas voulu prendre parti, au grand dam du PS, tandis que Fabien Roussel a exprimé sa préférence pour une candidature socialiste. « Marine et moi avons dit stop ! Si vous bloquez tous les deux, ce ne sera ni l’un ni l’autre »raconte le leader du PCF.
Les deux dirigeants énumèrent des noms de personnalités : Cécile Duflot, côté Vert, Christophe Robert, président de la Fondation Abbé Pierre, côté communiste. Et puis Huguette Bello. Consigne est donnée de ne rien laisser échapper, le temps de prévenir l’intéressée. Jean-Luc Mélenchon, qui la connaît bien, est le premier à l’appeler, lui disant : « Imaginez que Roussel propose votre nom. « L’ancien député a ensuite reçu un appel téléphonique du communiste jeudi matin.
« Nous sommes à l’ère des femmes »
Pour une fois, le fondateur de LFI et le patron du PCF sont d’accord. Fabien Roussel en rirait presque. Une candidature d’Huguette Bello aurait l’avantage, pour les communistes, de mettre de l’huile dans la machine parlementaire et d’assurer, peut-être, la pérennité de leur groupe à l’Assemblée nationale. En soutenant les Réunionnais, les communistes pourraient s’attirer les faveurs de certains députés de l’île et éviter leur départ massif vers le groupe LFI. Cela leur permettrait aussi d’accueillir les frondeurs « insoumis », de François Ruffin à Clémentine Autain, sans que la direction de LFI ne s’y oppose. Pour les socialistes, opposés à la candidature d’Huguette Bello, c’est aussi la principale raison du soutien de la place du Colonel-Fabien à l’élue ultramarine.
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