Anne-Laure Sutter-Dallay, pédopsychiatre au centre hospitalier Charles-Perrens de Bordeaux, professeur de psychiatrie périnatale, évoque la souffrance psychologique qui peut accompagner la maternité. Même si celles-ci touchent une majorité de femmes ayant des antécédents psychiatriques, la période périnatale et les mutations cérébrales qui l’accompagnent rendent toutes les femmes vulnérables. D’où l’importance du dépistage et de la prévention.
Comment se sont développées les unités mère-enfant en France ?
En France, l’offre de soins psychiatriques périnatals se développe depuis une dizaine d’années : unités mère-enfant, qui prennent en charge les situations les plus graves, mais aussi hospitalisation de jour, équipes mobiles, etc. Toutes ces structures proposent une gradation des soins communs, à la mère souffrant psychologiquement, à l’enfant qui peut présenter des caractéristiques comportementales à traiter. Et permettez à ce lien de guérir.
Ces dispositifs ciblent-ils en priorité les femmes souffrant d’un trouble psychiatrique ?
Il existe différents types de patients vus dans ces unités. La majorité a des antécédents psychiatriques, comme une maladie psychiatrique (trouble bipolaire, schizophrénie, etc.). Mais ces antécédents peuvent aussi être bénins, comme des épisodes dépressifs occasionnels, au cours de l’adolescence, ou des suivis psychologiques répétés, sans traitement. Certaines femmes développeront un trouble pendant la grossesse ou l’accouchement. Enfin, indépendamment de tout trouble, la souffrance psychologique peut aussi être la conséquence d’événements extérieurs difficiles, comme la perte d’un emploi, un deuil, etc. Tous les signes de vulnérabilité doivent donc être considérés avec la plus grande attention.
La période périnatale est une loupe de troubles psychologiques, c’est une période où le cerveau subit de profonds changements, pour s’adapter et devenir extrêmement sensible à tous les signaux, notamment émotionnels, du bébé. Elle devient donc plus fragile et toutes les femmes sont vulnérables durant cette période.
Le suicide est devenu la première cause de mortalité maternelle, selon une étude de Santé publique France publiée en avril. Les souffrances psychologiques périnatales se sont-elles aggravées ces dernières années ?
Depuis quarante ans, les chiffres de la dépression périnatale n’ont pas changé. Il n’y a pas d’aggravation, juste un coup de projecteur plus fort. Entre 10 à 20 % des femmes en souffrent. Le suicide maternel n’est pas nouveau non plus, mais en France il n’était pas exploré jusqu’à présent comme cause de décès maternel.
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