la paix en 2025, mais à quel prix ?
À Kiev, les températures prévues pour le lundi 18 novembre varient entre 1 et 6°C. C’est le moment choisi par la Russie pour frapper massivement les centrales électriques ukrainiennes : plus de 120 missiles et 90 drones ont été tirés en même temps, dans la nuit du samedi 16 au dimanche 17 novembre, tuant au moins huit personnes et entraînant des coupures d’électricité. à travers le pays. « C’est la huitième attaque à grande échelle cette année contre nos centrales électriques »a déclaré la compagnie nationale d’électricité DTEK.
« C’était la réponse criminelle de Poutine à tous ceux qui l’appelaient récemment », Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriï Sybiha, s’est indigné sur le réseau social Il a visé le chancelier allemand Olaf Scholz qui, pour la première fois depuis deux ans, a décroché son téléphone, vendredi 15 novembre, pour contacter le président russe. L’échange a duré plus d’une heure. Olaf Scholz a demandé à Vladimir Poutine de montrer « volonté d’entamer des négociations avec l’Ukraine en vue d’une paix juste et durable »selon le communiqué du gouvernement allemand.
Garanties de sécurité pour l’Ukraine
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a commenté cette initiative avec une certaine méfiance. Il a dit qu’il voulait « faire tout » obtenir la fin de la guerre dans son pays en 2025 d’ici « moyens diplomatiques ». Il a aussi estimé que Vladimir Poutine veut avant tout briser son isolement, mais sans rien concéder.. « S’asseoir, discuter et se mettre d’accord sur rien, voilà ce qui ne profite qu’à Poutine »a jugé le président ukrainien.
L’élection de Donald Trump aux États-Unis a précipité les événements et pourrait déboucher sur de prochaines négociations. Le président élu américain a déclaré souhaiter une résolution rapide du conflit. Il menace de suspendre toute aide militaire à l’Ukraine pour la contraindre à accepter des pourparlers. Et c’est ce qui inquiète le plus Kyiv. Le pays entre dans son troisième hiver de guerre, il manque d’armes et d’hommes, l’armée cède peu à peu du terrain. L’Ukraine a perdu un cinquième de son territoire et 8 millions d’habitants. Les Ukrainiens craignent surtout d’arriver en position de faiblesse à la table des négociations.
Mais pour eux, l’essentiel est d’obtenir des garanties de sécurité, pour être sûrs de ne pas subir une nouvelle attaque de la Russie dans quelques années s’ils acceptent un gel du conflit. Ces garanties peuvent prendre différentes formes : accès aux armes occidentales les plus modernes, présence d’une base militaire occidentale permanente, alliance militaire avec un groupe de pays amis, ou encore intégration à l’OTAN. Plusieurs options sont imaginables. Mais la Russie ne veut pas entendre parler de tout cela.
Une défaite ukrainienne impossible à accepter pour l’UE
De son côté, en effet, elle veut pousser son avantage. A l’issue de sa rencontre avec Olaf Scholz, Vladimir Poutine a réitéré ses conditions : « Les accords potentiels doivent tenir compte des intérêts de sécurité de la Fédération de Russie, être fondés sur de nouvelles réalités territoriales et, surtout, s’attaquer aux causes profondes du conflit »a déclaré le communiqué de presse du Kremlin faisant état de l’échange. En bref : la Russie exige le maintien de ses acquis territoriaux, veut une Ukraine désarmée et neutre, avec un gouvernement favorable à Moscou. C’est irréaliste après deux ans et huit mois de guerre.
Par ailleurs, pour les Européens, la perspective d’une Ukraine vaincue reste difficile à accepter. Car si l’Union européenne permet à la Russie de tracer de nouvelles frontières et de décider du sort de l’Ukraine, elle lui confère le rôle d’architecte de la sécurité en Europe. La Pologne ne peut pas se résoudre à le faire. « Personne n’arrêtera Poutine avec des appels téléphoniques »s’est agacé le Premier ministre polonais Donald Tusk. Lors de l’attaque russe de samedi soir, la Pologne a fait décoller ses avions pour faire comprendre à la Russie qu’elle fera tout pour l’empêcher d’engloutir l’Ukraine.