Pour soulager les caisses de la Sécurité sociale, promises à l’austérité lors du prochain budget, le gouvernement viserait à refondre ce système fiscal très complexe.
L’émoi au sommet de l’Etat. Le gouvernement Barnier a besoin de 60 milliards d’euros pour boucler son budget 2025. Le projet de loi de finances (PLF), qui doit être présenté la semaine prochaine par l’exécutif, prévoit 20 milliards d’euros de hausse des recettes. et 40 milliards de réductions de dépenses. Mais encore faut-il les trouver. Une partie de ces nouveaux fonds publics tant attendus pourrait provenir… des jeux de hasard.
Bercy envisagerait de réviser les cotisations sociales spécifiques qui pèsent sur les loteries, les casinos, les paris sportifs et le poker en ligne, selon les informations du Échosconfirmé par le Figaro. Cette refonte, qui prendrait la forme d’une simplification du système très complexe de cotisations sociales prélevées sur le produit brut des jeux (GRP), interviendrait dans le budget de la Sécurité sociale qui doit être présenté le 10 octobre. 500 millions d’euros par an, selon les calculs du gouvernement.
La Sécurité sociale a de fortes chances de bénéficier de ce gain, selon LE Échos. Les cotisations sociales que les acteurs du secteur versent actuellement sur le PBJ lui sont déjà affectées. Invitées à réaliser près de 15 milliards d’euros d’économies dans le prochain budget, les administrations de la Sécurité sociale ne seront pas mécontentes de voir les recettes sociales liées aux jeux bondir de près de 40 %, si la mesure envisagée par le gouvernement vient à être effectivement mise en œuvre. D’autant que le gouvernement serait lui aussi tenté, toujours selon Les échosde créer une nouvelle taxe sur les dépenses publicitaires du secteur. Des recettes susceptibles de renflouer les caisses d’assurance maladie.
La mesure risque de créer un petit séisme dans le monde du jeu, déjà largement imposé. En 2021, la Cour des comptes soulignait dans un rapport le taux de prélèvements fiscaux particulièrement élevé frappant le secteur en France. Sans compter que la Française des Jeux, privatisée en 2019, pourrait bien relever du «fiscalité exceptionnelle des grandes et très grandes entreprises» dessiné par Barnier. Son dernier chiffre d’affaires est en effet bien supérieur au seuil envisagé par le gouvernement pour cette « surtaxe » de l’impôt sur les sociétés. L’année dernière, la FDJ a enregistré un chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros, en hausse de 6,5% par rapport à l’année précédente.
Si la FDJ se porte bien, c’est entre autres parce qu’il y a de plus en plus de joueurs français : 27 millions de personnes ont joué au moins une fois l’an dernier, avec une moyenne de cinq euros par semaine. Au total, cela représente 20 milliards d’euros dépensés. En optant pour une fiscalité plus sévère sur les jeux de hasard, le gouvernement pourrait faire d’une pierre. D’une part, pour soulager les caisses de la Sécurité sociale, contraintes de suivre une cure d’amaigrissement ; de l’autre, lutter contre les pratiques de jeux à risque. Dans le texte consulté par Les échosle gouvernement fait état de 6% de joueurs souffrant d’un risque d’addiction modéré ou excessif en France.
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