Ils avaient promis de ne pas garder le silence. Maintenir leur conférence de paix malgré l’annulation de l’Université de Lille annoncée mercredi. Mais la préfecture du Nord a décidé ce jeudi 18 avril d’interdire la réunion publique qui devait se tenir entre Jean-Luc Mélenchon et la militante franco-palestinienne Rima Hassan, également candidate en 7e position sur la liste France Insoumise aux élections européennes, dans un chambre privée dans la capitale des Flandres. « Aujourd’hui, nous avons appris avec étonnement la décision de la préfecture du Nord de déposer un arrêté interdisant cette manifestation »faites-le savoir aux rebelles dans un communiqué.
« Cet arrêté préfectoral (…) s’appuie sur les risques de trouble à l’ordre public du fait des appels à la mobilisation lancés par plusieurs organisations qui pourraient conduire à des rassemblements, des attroupements et des heurts sur la voie publique, dans un climat de tension géopolitique accrue »justifie la préfecture.
«Cet acharnement contre la France Insoumise est totalement intolérable»on grince à LFI. « En pleine campagne électorale, la décision d’annuler un événement public auquel doivent participer des membres de l’opposition politique constitue un précédent extrêmement grave pour notre démocratie », estime le mouvement mélenchoniste. Pour la tribune, cette interdiction « est un abus de pouvoir d’une république bananière ». Et d’ajouter : « Aux cafards qui ont voté pour les pesticides contre les fourmis, un message : même les abeilles qui se sont abstenues sont mortes. Il est temps d’arrêter de se taire. ».
« L’interdiction des réunions publiques de LFI par le préfet du Nord est un dangereux précédent et un scandale démocratique »renchérit le député socialiste du Calvados Arthur Delaporte sur X. « En pleine campagne électorale, interdire à nouveau un rassemblement public organisé par LFI est un affront à la démocratie. Cette réunion doit évidemment être autorisée », estime également le Premier secrétaire du PS Olivier Faure. Mercredi, toute la gauche avait déjà dénoncé l’annulation de la conférence par l’Université de Lille. Interrogé en conférence de presse ce jeudi, Emmanuel Macron a également réagi : « Je suis pour le respect des lois de la République. Après, pour ma part, je suis toujours favorable à ce que les gens puissent s’exprimer librement, même si je combats leurs idées.
« Encore une fois, nous réaffirmons : personne ne nous empêchera de défendre les idées qui sont les nôtres », disent les rebelles. Ces derniers annoncent donc déposer « à la préfecture un rendez-vous pour une réunion publique avec un discours de Jean-Luc Mélenchon contre la censure et pour la paix » ce jeudi 18 avril à 18h30 place Vanhoenacker, à Lille-Moulins.
Ce nouvel incident intervient après plusieurs jours de vives polémiques. Dès la publication d’un visuel promouvant l’événement sur les réseaux sociaux en fin de semaine dernière, plusieurs élus comme le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand et la députée macroniste Violette Spillebout ont demandé l’interdiction de la conférence. Notamment parce que la rencontre était organisée par l’association « Palestine libre », dont le logo représente un territoire unique englobant Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza. De nombreux responsables politiques, comme la tête de liste PS pour les élections européennes, Raphaël Glucksmann, considéraient alors que cet emblème « nie l’existence de l’État d’Israël ». Et donc que LFI entendait participer à un meeting antisioniste, voire antisémite.