La NASA sauve la sonde Voyager 1 grâce à une manipulation risquée à des milliards de kilomètres de distance
Mais comme tout matériel, plus le temps passe, plus les pannes potentielles sont nombreuses. À cause d’un diaphragme en caoutchouc vieillissant dans le réservoir de carburant de la sonde, un tube de propulseur s’est bouché avec du dioxyde de silicium. Si la NASA n’avait rien fait, à cause de ce bouchon réduisant l’efficacité des propulseurs, la sonde aurait perdu son alignement avec la Terre, rendant impossible l’envoi de commandes et la réception de données. Fin de mission donc.
Un changement de propulsion périlleux
Heureusement, les ingénieurs de l’agence spatiale américaine ont trouvé une solution : changer le propulseur ! Voyager 1 en possède en réalité trois : deux propulseurs d’altitude et un propulseur de correction de trajectoire. Aujourd’hui, la sonde étant loin de l’héliosphère sur sa route, n’importe lequel des trois pourrait être utilisé pour la rediriger vers la Terre. Malheureusement, en 2002 puis en 2018, les propulseurs d’altitude se sont eux aussi encrassés, ce qui a conduit les équipes à utiliser le propulseur de correction de trajectoire, qui commence à s’user à son tour.
Ce dernier propulseur est encore plus obstrué que ceux d’altitude. Les ingénieurs ont donc été obligés de revenir à l’un des propulseurs précédemment abandonnés. Une manipulation qui aurait été facile à réaliser autrefois, mais aujourd’hui complexe sachant que tous les systèmes non essentiels du bord ont été inactivés afin d’économiser l’énergie fournie par les générateurs thermoélectriques à radioisotopes mourants. C’est notamment le cas des radiateurs destinés à éviter que les propulseurs non utilisés ne refroidissent trop.
Pour rallumer ces radiateurs avant de changer le propulseur actif, les ingénieurs ont dû couper d’autres systèmes, alors que tout est aujourd’hui considéré comme indispensable. Un casse-tête qui s’est traduit par l’arrêt pendant une heure de l’un des radiateurs principaux de la sonde. Un pari gagnant puisque le 27 août dernier, le retour à la vie du propulseur de correction de trajectoire a été confirmé.
Une mission destinée à se conclure
Si l’événement est évidemment positif, voire miraculeux, il sert aussi à mettre en lumière de manière assez explicite une échéance inévitable : la fin imminente de la vie utile de Voyager 1. Un nouveau problème de propulseur pourrait lui être fatal, tandis que Suzanne Dodd, responsable du projet Voyager au Jet Propulsion Laboratory qui gère Voyager pour la NASA, déclare : « Toute décision que nous devrons prendre à l’avenir nécessitera beaucoup plus d’analyse et de prudence qu’auparavant. »
Ce n’est donc qu’une question de temps avant que Voyager 1 ne subisse une panne irréversible et continue à travers le cosmos un voyage éternel.