mercredi 27 novembre 2024
Créée en 1959, en pleine guerre froide entre les États-Unis et l’URSS, Camp Century, gigantesque base militaire américaine, a été construite au Groenland, territoire stratégique situé dans l’Arctique. Abandonné en 1967 et enseveli sous les glaces, il fut redécouvert cinquante-sept ans plus tard par la NASA qui survolait le territoire.
Une découverte qui nous ramène à une époque désormais lointaine, celle de la guerre froide. En survolant le Groenland, la NASA vient de redécouvrir Camp Century, une ancienne base militaire américaine construite en 1959, en plein conflit entre les Etats-Unis et l’Union soviétique. Abandonné en 1967, il fut enseveli sous plus de 30 mètres de glace. Mais la fonte des glaces due au réchauffement climatique a fait refaire surface.
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Le Groenland, un territoire stratégique
C’est une équipe de chercheurs de la NASA, dirigée par Alex Gardner du Jet Propulsion Laboratory, qui a détecté les contours d’un « vraie ville souterraine »détaille le média spécialisé dans le numérique Presse-citron. Cette base militaire a été imaginée en pleine Guerre froide par le Pentagone, alors que les tensions étaient à leur paroxysme entre les États-Unis et l’URSS. C’est l’US Army Corps of Engineers qui va le construire de toutes pièces dans un territoire extrêmement stratégique, à mi-chemin entre les deux pays.
« Officiellement, l’objectif était de créer des laboratoires de recherche dans l’Arctique »rappelle Le Figaro. Mais Camp Century faisait partie d’un tout autre projet, baptisé « Iceworm », destiné à stocker 600 missiles balistiques à portée de tir de l’URSS dans un réseau de galeries. De plus, par leur présence au Groenland, les Américains cherchaient également à exploiter les abondantes ressources naturelles de l’Arctique, comme le pétrole et le gaz.
Le summum du génie civil militaire américain
Cette base militaire, construite dans des conditions climatiques extrêmes, incarne le summum du génie civil militaire américain de l’époque. Dans cette région du globe, les températures peuvent descendre jusqu’à -57°C et les vents dépasser les 193 km/h. « Les équipes ont creusé des tunnels dans la glace grâce à une technique révolutionnaire appelée « cut-and-cover », créant un gigantesque réseau de galeries s’étendant sur 3 km »dire Presse-citron. Les structures sont maintenues à température constante grâce à un système de réfrigération complexe empêchant la fonte des parois.
Au total, le projet a coûté 8 millions de dollars à l’époque, soit plus de 80 millions de dollars aujourd’hui. Le Camp Century a été construit pour accueillir 200 soldats. A l’intérieur, on y trouve des dortoirs, des laboratoires, un hôpital, une chapelle, « et même un cinéma »lance Presse-citron, « le tout alimenté par un réacteur nucléaire portable PM-2A, une première mondiale en Arctique ».
Les déchets radioactifs vont refaire surface
Mais le site, abandonné en 1967, n’a jamais vraiment vécu. « Malgré l’ampleur du projet, ‘Iceworm’ est resté secret jusqu’en 1997, lorsque l’Institut danois de politique étrangère a publié un rapport, à la demande du Parlement, sur l’histoire des armes nucléaires au Groenland. »retrace Le Figaro. Pour rappel, le Groenland était une ancienne colonie danoise et est, depuis 1979, un territoire autonome dépendant du Danemark.
Pendant des décennies, la neige s’est accumulée et a peu à peu enfoui cette base. Mais une catastrophe environnementale potentielle pourrait survenir en raison du réchauffement climatique. « La redécouverte de Camp Century va de pair avec des enjeux environnementaux assez préoccupants. La fonte progressive de la calotte glaciaire du Groenland pourrait un jour mettre à nu ces installations et leurs déchets toxiques, constituant une menace potentielle pour l’écosystème arctique déjà gravement affaibli.alerte Presse-citron.
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La fonte des glaces s’accélère au Groenland
En effet, le risque existe aujourd’hui de voir les 240 000 litres d’eaux usées et 200 000 litres de carburant abandonnés par l’armée américaine déversés dans l’océan. Et c’est sans compter les résidus radioactifs liés au réacteur nucléaire mobile qui est également resté à quai. Un scénario qui n’était pas prévu au moment de sa construction en 1959. « Ses architectes espéraient qu’il reposerait dans la cryosphère pour l’éternité »dit dans une étude publiée dans la revue Lettres de recherche géophysique William Colgan, glaciologue à l’Université canadienne de York, cité par Le Figaro.
En 2019, une étude publiée dans la revueAcadémie nationale des sciences des États-Unis (PNAS) révélé notamment « une accélération sept fois supérieure de la fonte des glaces du Groenland »souligne le média National géographiqueavec 40 milliards de tonnes de glace perdues par an dans les années 1970 contre 280 milliards de tonnes par an dans les années 2010.