« La mort du torero » : la vengeance mexicaine
Un journaliste meurt après avoir été mordu par une vipère à Mexico. C’est le point de départ d’une course effrénée loin des clichés, toujours aussi efficace soixante ans plus tard.
Publié le 25 septembre 2024
Publié le 25 septembre 2024
Après Traqueur noiravec le même éditeur, Roger Martin continue avec La mort du torerodont il a traduit et préfacé, ses efforts pour restaurer l’honneur d’un auteur majeur, Ed Lacy. C’est sous ce pseudonyme que Len Zinberg (1911-1968), auteur d’abord de trois romans policiers non policiers qui lui ont valu les foudres de la chasse aux sorcières, a publié de 1951 à 1968 25 romans policiers qui ont marqué la production de ces décennies par leurs détectives privés racistes, machistes et anticommunistes. C’est qu’il combinait quatre traits impardonnables : juif, athée, communiste, il avait aussi épousé une femme noire et adopté une petite fille, noire elle aussi.
La découverte d’une autre société raciste
Dans La mort du toreronous trouvons le héros de Traqueur noirToussaint Marcus Moore, premier détective privé noir de la littérature américaine, apprend que sa femme est enceinte et s’inquiète de l’avenir de leur enfant dans un pays où les études sont quasiment interdites aux pauvres. C’est ce qui le décide à accepter de se rendre au Mexique, où un journaliste est mort suite à la morsure d’une vipère.
La veuve, herpétologiste réputée, est persuadée qu’il ne s’agit pas d’un accident mais de la vengeance d’un torero adulé des foules. Si l’histoire est très originale, pleine de rebondissements, jamais manichéenne, elle est aussi subtilement politique. Loin des clichés touristiques, Toussaint découvre un pays où règne une autre forme de racisme, une société inégalitaire où les descendants d’Indiens sont des citoyens de seconde zone qui rêvent d’échapper à une condition misérable en triomphant dans les arènes.
Héros atypique, Toussaint (comme Louverture), Marcus (comme Marcus Garvey), Moore (comme un militant communiste notoire de Harlem) n’oublient jamais d’où ils viennent. Dans ce roman qui a soixante ans et n’a pas pris une ride, on verra que Lacy, une fois de plus, brise les conventions et, fidèle à des convictions progressistes qu’il gardera jusqu’à sa mort, défend des valeurs humanistes mises à mal par la littérature noire de l’époque.
La mort du torerode Ed Lacy, éditions Canoë, 250 pages, 18 euros
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