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La mort à portée de main pour le grimpeur Alex Honnold

La mort à portée de main pour le grimpeur Alex Honnold
Alex Honnold réalise la première ascension en solo libre de la voie Freerider sur El Capitan dans le parc national de Yosemite, en Californie, en juin 2017. Image tirée du documentaire

NATIONAL GEOGRAPHIC – LUNDI 5 AOÛT À 21H – DOCUMENTAIRE

« À la moindre erreur, tu meurs ? »demande brusquement un journaliste américain.  » Tu as tout compris « Alex Honnold répond avec un sourire. Le frêle Américain, alors âgé de 33 ans, est un fan de solo libreou « full solo », c’est-à-dire l’alpinisme à mains nues, sans corde, ni baudrier, ni autre équipement. En plein été sportif, National Geographic rediffuse le reportage consacré à l’un des as de cette discipline ultime de l’escalade, et à son ascension, le 3 juin 2017, d’El Capitan, une paroi rocheuse de 915 mètres située dans le parc national de Yosemite, en Californie – une première historique.

Pendant deux ans, une petite équipe de cameramen et de techniciens, tous alpinistes expérimentés, a suivi les préparatifs jusqu’à l’exploit. Une proximité qui permet de mieux comprendre la personnalité de l’athlète, sans pour autant dévier de l’essentiel : la solo libre est potentiellement mortelle. Alex Honnold en a fait sa philosophie : « N’importe qui peut mourir à n’importe quel moment. En solo, c’est juste plus présent et plus immédiat. »

Tommy Caldwell, vainqueur, avec Kevin Jorgeson, du 900 mètres du Dawn Wall de Capitan en 2015, et ami proche d’Alex, nous livre quelques clés. Ainsi, dans solo librenous ne parlons jamais de nos projets à l’avance, et nous construisons une « armure mentale ». Toute relation amoureuse peut s’affaiblir. Or, précisément… Alex Honnold a récemment commencé à sortir avec Sanni.

Lire l’histoire (en 2015) : Les grimpeurs « faux alpinistes » Tommy Caldwell et Alex Honnold ont été honorés d’un Piolet d’Or

Sur l’amour comme sur la mort, Alex Honnold reste impassible :  » (Filles) Ils disent qu’ils se soucient de moi, mais si je meurs, ils en trouveront un autre. La même froide sincérité à l’égard de ses parents, qui sont divorcés. Alex se décrit comme un enfant « sombre, mélancolique (…) et ringard »qui a grimpé en solo parce qu’il ne connaissait personne. « Presque » ne compte pas.sa mère, qui ne l’avait jamais tenu dans ses bras, le lui disait. Aujourd’hui, « Peu importe ce que je fais, ce n’est jamais assez bien, il a dit. Cela m’a définitivement motivé à faire quelques solo libre. »

Océan Minéral

Au-delà de l’analyse psychologique du « Pourquoi pratique-t-on un sport extrême ? », le documentaire apporte une réponse scientifique intéressante, à découvrir après une IRM. Avant d’aborder – enfin, à dix-sept minutes de la fin ! – l’ascension elle-même.

« Main gauche sur le manche, mains inversées… » Freeblast (300 mètres), la zone la plus glissante. A force de repasser au même endroit jour après jour, Alex a une carte mentale de toutes les difficultés. A Enduro Corner, Tommy Caldwell détourne le regard.

Les images vertigineuses sont superbes. Dans l’océan minéral, un point rouge se détache : le tee-shirt d’Alex Honnold. L’intensité dramatique a valu Solo gratuit pour remporter l’Oscar 2019 du meilleur documentaire. Mais le spectateur, connaissant la fin heureuse, ne la ressent pas forcément sur le petit écran. Les plans des visages des amis et des techniciens, en revanche, rappellent la peur ressentie.

« Le pire des scénarios serait que l’un de nous fasse quelque chose qui entraîne sa mort. (…) Et personne ne veut ça.a expliqué l’un des cameramen.  » Je ne sais pas « Alex Honnold avait calmement rétorqué.

Solo gratuitdocumentaire de Jimmy Chin et Elizabeth Chai Vasarhelyi (UE, 2018, 100 min). Disponible à la demande sur National Geographic.

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