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La montée en puissance de Boudehent et Roumat marque-t-elle la fin des quatre mousquetaires ?

La montée en puissance de Boudehent et Roumat marque-t-elle la fin des quatre mousquetaires ?

jeIls sont quatre, comme les trois mousquetaires. Depuis 2020 et le début du mandat de Fabien Galthié, Charles Ollivon, Grégory Alldritt, François Cros et Anthony Jelonch monopolisent les trois places de la troisième ligne. Sauf blessure, ils ont été de tous les grands événements et l’on peut compter sur les doigts d’une main les matches du Tournoi des Six Nations que ce quatuor aux qualités très complémentaires a pu manquer.

Bien entendu, le Lyonnais Dylan Cretin, les Parisiens Sekou Macalou et Cameron Woki ont parfois réussi à s’inviter sur un strapontin. De manière éphémère, car pendant quatre ans, la hiérarchie était claire. Et puis cette tournée de novembre est arrivée, le Rochelais Paul Boudehent et le Toulousain Alexandre Roumat « sont venus chercher le maillot » pour reprendre l’expression de Fabien Galthié. Et vu la façon dont ils l’ont pris face aux All Blacks notamment, l’ère de nos trois ou quatre mousquetaires semblait révolue. Les cartes ont été rebattues.

Fini le crédit illimité

S’il fallait chercher dans la direction de Galthié un indicateur de sa volonté d’insuffler de la concurrence, de ne plus accorder de crédit illimité à ses cadres, c’est dans la gestion des joueurs de troisième ligne qu’on peut le trouver. Car en plus d’être incontestés et souvent indiscutables sportivement, Alldritt (27 ans), Ollivon (31 ans) et Jelonch (28 ans) ont été capitaines du XV de France.

Dans la vie du groupe, ils appartiennent au « conseil des sages » autour d’Antoine Dupont. Ils avaient un statut avec Fabien Galthié qui avait fait tout son possible, par exemple, pour permettre au flanker toulousain d’être compétitif pour la Coupe du monde après sa grave blessure au genou.

Cet automne, en manque de forme, Jelonch et Ollivon ont été renvoyés dans leurs clubs avant le match contre le Japon. Le Basque de Toulon a été rappelé pour affronter les All Blacks, en tant que remplaçant mais il pourrait débuter en huitièmes contre les Pumas.

Il est donc prématuré de parler de déclassement. Ce qui est sûr, c’est que la hiérarchie est bousculée. « Ce qui est frappant, c’est que ces joueurs seniors ne sont pas mis à l’écart pour cause de blessure, constate l’ancien numéro 8 Thomas Lièvremont. Le constat est que Roumat et Boudehent sont bien les deux vainqueurs des deux premiers matches de l’automne.

« Il ne faut pas tirer un trait sur le quatuor, mais ces deux-là apportent leur enthousiasme, ils sont nouveaux mentalement », estime Olivier Magne (89 sélections). « Paul Boudehent peut être dominant dans tous les duels. Alexandre Roumat apporte son intelligence et ses compétences au jeu. »

« Boudehent, c’est M. Muscle. Quant à Roumat, on pourrait s’interroger sur ses capacités dans la confrontation. Mais il n’a pas souffert contre les All Blacks, juge Thomas Lièvremont. Et ses qualités techniques peuvent être précieuses si l’équipe de France veut garder le ballon. »

« Les deux ont fait un gros match contre un adversaire qui est une référence. C’est un marqueur »

« Leurs deux profils sont très différents mais ils se complètent, poursuit Laurent Cabannes. « Roumat a un peu le même profil que Charles Ollivon. Plus frais, plus jeune. Cela fait beaucoup de mobilité. Il est très bon dans les airs et possède, pour moi, les meilleures mains du Top 14. Il a pris l’avantage à Toulouse sur le banc de touche comme en contre-touche. Ce n’est pas anodin. Il a un délai d’exécution très rapide pour un joueur de sa taille. Il est atypique. »

« Boudehent, il est acharné dans le jeu court », poursuit l’ancien flanker du Racing et des Bleus (49 sélections). Il bouge bien. Il arrive très vite aux points de rendez-vous. Les deux ont réalisé un gros match dans une grande rencontre face à un adversaire qui fait référence. C’est un marqueur. »

Capitaliser sur la concurrence

Et cette révélation est devenue négative samedi dernier pour Grégory Alldritt, en deçà de ses standards habituels face aux Néo-Zélandais. Si l’on se fie à la distribution des dossards mardi soir à l’entraînement, le numéro huit rochelais ne devrait pas être titularisé face aux Argentins. « Alldritt est un sujet », reconnaît Cabannes. J’adore son placement, son intelligence. Mais ça manque de fraîcheur. Il a un jeu direct. Pour gagner des collisions, il faut de la fraîcheur. » On avait déjà constaté cette usure la saison dernière malgré le break opéré par les Rochelais après la Coupe du monde. « Il verra arriver les Gazzotti, les Castro-Ferreira. Le classement évolue. Mais c’est un joueur intelligent, encore jeune. Il va rebondir. »

C’est ce que nous devrions espérer. Pour Alldritt comme pour les trois autres mousquetaires. Il est peu probable qu’ils « abandonnent le maillot » sans se battre. « Cette arrivée de jeunes joueurs est un atout. Tout n’est que profit. Cela n’élimine pas les autres», estime Cabannes. « Au contraire, c’est bon signe », se félicite Thomas Lièvremont. Cela nous permettra de capitaliser sur la concurrence. »

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