Nouvelles locales

La montée des extrêmes en Allemagne de l’Est

Avec seulement 2,1 millions d’habitants, soit 2,5% de la population du pays, la Thuringe est l’un des Länder les moins peuplés d’Allemagne. Les élections qui s’y dérouleront dimanche 1euh Les élections de septembre sont néanmoins attendues avec beaucoup d’excitation. D’abord parce que le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), dirigé par l’ultra-radical Björn Höcke, a de bonnes chances d’arriver en tête, les derniers sondages lui donnant 30 % des voix, soit 7 points de plus qu’aux élections régionales de 2019. Ensuite parce qu’un tout nouveau parti, l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW), fondé il y a seulement sept mois, frôle les 20 % des intentions de vote. Une percée qui, si elle se confirme dans les urnes, risque d’avoir des répercussions bien au-delà des frontières de cette petite région de l’ex-République démocratique allemande (RDA).

Sahra Wagenknecht pendant la campagne électorale du parti Buendnis Sahra Wagenknecht pour les élections locales de Thuringe à Altenburg le 20 août 2024.
Lors de la campagne de l'Alliance Sahra Wagenknecht pour les élections régionales en Thuringe, à Altenburg, le 20 août 2024.

Il n’est pas aisé de situer politiquement le BSW. Sur les questions économiques et sociales, il ne se distingue guère de Die Linke (« la gauche »), ce qui n’est pas étonnant quand on sait que Sahra Wagenknecht fut pendant des années l’une des figures les plus influentes de ce parti, dont elle dirigea l’aile la plus orthodoxe, la Plateforme communiste, fidèle à l’héritage de Karl Marx.

En matière sociale, en revanche, le BSW adopte une position plus conservatrice, Sahra Wagenknecht elle-même ayant quitté Die Linke fin 2023 car elle estimait que son parti était devenu la voix d’un parti social-démocrate. « Un style de vie de gauche, engagé pour la diversité et l’ouverture des frontières, et contre le racisme et le changement climatique ». Les causes certainement « honorable », mais qui, selon elle, « principalement intéressant pour les personnes instruites des grandes villes »au risque de « créer du ressentiment chez les personnes les moins privilégiées, qui ont le sentiment qu’on ne leur parle pas des vrais problèmes de la vie quotidienne ».

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Dans la Thuringe rurale, couverte de vastes forêts et dépourvue de grandes métropoles, ce discours est puissant. Née à Iéna, la capitale économique de la région, Mmoi Wagenknecht en a fait l’un des points forts de sa campagne. Et visiblement, elle lui plaît, à en juger par les applaudissements qu’elle suscite lorsqu’elle se moque « des gens branchés dans les grandes villes qui boivent du lait d’avoine et du macchiato, font leurs courses dans des magasins bio et utilisent des vélos cargo »Comme lors du meeting qu’elle a tenu sur la place d’Altenburg le 20 août dernier, devant près de 400 personnes. Était également présent son mari, Oskar Lafontaine, ancien président du Parti social-démocrate (SPD, 1995-1999), éphémère ministre des Finances sous Gerhard Schröder (1998-1999) et cofondateur, en 2007, de Die Linke, dont il a également fini par claquer la porte.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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