La mobilisation étudiante pour Gaza s’étend, Biden appelle au retour à l’ordre – 03/05/2024 à 12:45
Des policiers démantelent le campement pro-palestinien sur le campus de l’Université de Californie (UCLA), le 2 mai 2024 à Los Angeles (AFP / ETIENNE LAURENT)
Le mouvement étudiant contre l’offensive israélienne dans la bande de Gaza continue de s’étendre à travers le monde, tandis que le président américain Joe Biden, après deux semaines de silence, a appelé au retour à l’ordre.
A six mois de l’élection présidentielle, dans des Etats-Unis polarisés, le président démocrate s’est exprimé sur ce thème susceptible de mettre à mal sa campagne pour affirmer jeudi que « l’ordre doit prévaloir ».
Cette déclaration intervient après une série de démantèlements manu militari par la police de campements pro-palestiniens, le dernier en date à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA), où elle a arrêté des dizaines d’étudiants.
« Nous ne sommes pas un pays autoritaire qui fait taire les gens », a néanmoins assuré Joe Biden lors d’un court discours.
Auparavant, son adversaire républicain Donald Trump l’avait accusé d’inaction face au mouvement pro-palestinien. « Ce sont des cinglés de gauche radicale et nous devons les arrêter maintenant », a-t-il déclaré à son arrivée à son procès à New York.
Carte des universités américaines où des personnes ont été arrêtées après des manifestations pro-palestiniennes entre le 17 et le 2 mai (AFP / Corin FAIFE)
Depuis le 17 avril, une vague de mobilisation pour Gaza déferle sur les campus américains, dans une quarantaine d’universités, de la côte atlantique jusqu’en Californie, évoquant des manifestations contre la guerre du Vietnam.
– Près de 2 000 arrestations –
La police est intervenue à plusieurs reprises ces derniers jours pour déloger les manifestants. Près de 2 000 personnes ont été arrêtées, selon un bilan établi par plusieurs médias américains.
Les étudiants appellent notamment les universités à rompre leurs liens avec des mécènes ou des entreprises liées à Israël et dénoncent le soutien quasi inconditionnel des États-Unis à leur allié engagé dans une campagne massive dans la bande de Gaza, en représailles à l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier. son sol.
La police arrête deux manifestants lors du démantèlement du campement pro-palestinien sur le campus de l’Université de Californie (UCLA), le 2 mai 2024 à Los Angeles (AFP / ETIENNE LAURENT)
A UCLA, les manifestants ont été arrêtés jeudi un à un, menottés puis emmenés dehors après un face-à-face tendu avec la police, selon un journaliste de l’AFP.
Après plusieurs avertissements, « environ 300 manifestants sont partis volontairement tandis que plus de 200 ont résisté à l’ordre de dispersion et ont été arrêtés », a déclaré le président de l’UCLA, Gene Block, dans un communiqué.
La nuit précédente, des heurts avaient éclaté sur ce campus lorsque des contre-manifestants, pour la plupart masqués, avaient attaqué le campement pro-palestinien et tenté de briser une barricade. Manifestants et contre-manifestants se sont alors affrontés à coups de bâtons et de projectiles.
Graeme Blair, professeur de sciences politiques à UCLA, regrette une crise « tellement inutile ».
Affrontements entre policiers et étudiants pro-palestiniens sur le campus de l’université de Californie (UCLA), le 2 mai 2024 à Los Angeles (AFP / Etienne LAURENT)
« L’université et les autorités ont eu l’occasion de désamorcer la situation. Hier soir (lors de l’attaque contre les contre-manifestants), ils ont envoyé la police très tard contre les extrémistes et maintenant ils attaquent les étudiants participant à une manifestation pacifique », a-t-il déclaré. AFP.
Le président de l’UCLA avait mis en garde avant ces violences contre la présence de personnes extérieures au campus.
– « Désinvestissement » –
Dans la nuit de mardi à mercredi, la police avait déjà chassé des manifestants pro-palestiniens barricadés dans la prestigieuse université de Columbia, épicentre de la mobilisation étudiante.
La police de New York a indiqué jeudi que sur les 282 individus arrêtés mardi soir sur les campus de Columbia et du CCNY, 48 % étaient des manifestants extérieurs aux universités.
Affrontements entre policiers et étudiants pro-palestiniens sur le campus de l’université de Californie (UCLA), le 2 mai 2024 à Los Angeles (AFP / Etienne LAURENT)
Contrairement à d’autres institutions, l’université Brown (Rhode Island, est) s’est mise d’accord avec les manifestants sur le démantèlement de leur campement en échange d’un vote sur un éventuel « désinvestissement » des « entreprises qui rendent possible et profitent le génocide à Gaza ».
Une mobilisation qui inspire les militants pro-palestiniens à travers le monde, en France, notamment sur les sites de la prestigieuse école parisienne Sciences Po, dont les locaux principaux seront fermés vendredi, à l’Université McGill au Canada, et jeudi en Suisse, à l’Université de Lausanne (UNIL).
La police française a débuté vendredi une intervention à Sciences Po pour évacuer plusieurs dizaines de militants pro-palestiniens qui occupaient les locaux de l’école depuis la veille.
À l’Université de Sydney, en Australie, des centaines de manifestants pro-palestiniens et pro-israéliens se sont retrouvés face à face vendredi. Malgré quelques échanges tendus, les deux rassemblements sont restés pacifiques et la police n’est pas intervenue.
À Mexico, des dizaines d’étudiants pro-palestiniens de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM), la plus grande du pays, ont installé jeudi leur camp dans la capitale, scandant « Vive la Palestine libre ! et « Du fleuve à la mer, la Palestine gagnera ! ».
Les images de la police anti-émeute intervenant sur les campus américains ont fait le tour du monde et suscité de vives réactions en Israël.
Son président Isaac Herzog a dénoncé une « terrifiante résurgence de l’antisémitisme » dans le monde, et particulièrement aux Etats-Unis, où des « universités renommées » sont « contaminées par la haine ».