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La méthode Wagner, au service des ambitions russes en Afrique

Des officiers russes du Groupe Wagner chargés de la sécurité du président Faustin-Archange Touadéra, lors de la campagne référendaire pour modifier la Constitution et supprimer la limitation des mandats, à Bangui, en République centrafricaine, le 17 juillet 2023.

C’est l’histoire d’une erreur stratégique commise par les autorités françaises. Pensant bien faire, au moment où le président de la République, Emmanuel Macron, ambitionnait de nouer une relation de confiance avec Vladimir Poutine, elles ont involontairement ouvert les portes de l’Afrique francophone à l’ours russe. Le 25 septembre 2017, le président français recevait à l’Elysée son homologue centrafricain, Faustin-Archange Touadéra. Pour l’aider à équiper son armée, qui peinait à contrôler son territoire hors de Bangui, il lui proposait de lui fournir 1 500 kalachnikovs saisies par la marine française au large des côtes somaliennes en mars 2016. Il lui doit bien ça. Un an plus tôt, contre l’avis des Centrafricains, qui ne cachaient pas leur inquiétude face à l’instabilité provoquée par les groupes armés, son prédécesseur, François Hollande, avait mis fin unilatéralement à l’opération Sangaris, lancée fin 2013.

La République centrafricaine étant soumise à un embargo sur les armes de l’ONU, une telle opération nécessite l’aval du Conseil de sécurité des Nations unies. Il faut donc convaincre les membres permanents, à commencer par la Russie. Emmanuel Macron conseille alors à M. Touadéra de plaider sa cause auprès de Moscou. Quelques semaines plus tard, le 9 octobre 2017, ce dernier est reçu par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à Sotchi, sur les bords de la mer Noire. Pas question pour lui de laisser passer une telle opportunité. Les Français lui apportent un nouvel allié africain potentiel, et il ne le laissera pas passer.

Ancienne colonie française, Etat en faillite, crise sécuritaire profonde, ressources minières potentiellement prolifiques… La République centrafricaine est une cible de choix pour l’expansion de l’influence russe en Afrique. M. Lavrov donne donc à M. Touadéra bien plus qu’un simple accord de livraison de 1 500 kalachnikovs. Il lui propose un partenariat à long terme, composé de livraisons d’armes, de coopération militaire et d’opérations minières. Le président centrafricain, désireux de consolider son pouvoir fragile, y voit une aubaine. L’affaire est rapidement conclue. « Nous étions tous un peu nombrilistes, sans prêter attention à ce que préparaient les Russes. »reconnaît rétrospectivement un ancien diplomate du service Afrique du Quai d’Orsay.

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Fin janvier 2018, un Iliouchine-76 de l’armée de l’air russe atterrissait sur le tarmac de l’aéroport de Bangui. A son bord, des armes et du matériel militaire. D’autres livraisons similaires suivirent. Celles-ci furent bientôt accompagnées de dizaines de mercenaires du groupe paramilitaire Wagner, dont Moscou ne reconnut pas l’existence. Officiellement, les hommes qui débarquèrent étaient des « instructeurs », comme aux plus belles heures de la guerre froide.

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Eleon Lass

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