La méthode Dupieux, tout sauf absurde
C’est un homme qui pense qu’il a trop parlé. A quelques jours de la présentation de son treizième long métrage, Le deuxième acte, ouverture du 77e Festival de Cannes, le 14 mai, Quentin Dupieux a publié un communiqué pour annoncer vouloir faire vœu de silence. « Ces derniers temps, le rythme des sorties s’est considérablement accéléré pour moi et j’ai accumulé, sans m’en rendre compte, un temps de parole dans les médias probablement supérieur à la durée de mes douze films réunis. »
Il a ensuite levé un coin de voile sur son dernier ouvrage, avec Léa Seydoux, Louis Garrel, Raphaël Quenard et Vincent Lindon, sorti en salles après sa projection cannoise. « Ce film, très bavard, dit avec des mots bien choisis tout ce que je veux dire et contient déjà sa propre analyse de manière extrêmement claire », il explique. Avant de conclure comme un gosse : « Vous remarquerez que ce texte est ennuyeux comme la pluie, mais pourtant le film en question est bien moins ennuyeux. Encore une preuve éclatante qu’il est temps pour moi de me taire. »
S’il a décidé, pour le moment, de « fermez-la » Quentin Dupieux n’en est pas moins le réalisateur le plus rapide du cinéma français. Treize longs métrages en seulement dix-sept ans, dont cinq ces deux dernières années (Incroyable mais vrai, fumer fait tousser, Yannick, Daaaaaalí ! Et Le deuxième acte). Personne ne peut en dire autant. Dans tous ses films, la même écriture folle. Le réalisateur a mis en scène des « héros » étonnants : un pneu de voiture doté de vie et qui devient un assassin (Caoutchouc, 2010), un personnage obsédé par sa veste à franges (Le cerf, 2019), un Salvador Dalí interprété par six acteurs différents (Daaaaalí !, 2023), un spectateur d’une pièce de théâtre qui interrompt une représentation (Yannick, 2023)…
Une étrangeté qui plaît de mieux en mieux au public, les deux derniers films du réalisateur ayant réuni chacun un demi-million d’entrées. De nombreux acteurs de premier plan ont tourné avec lui : Anaïs Demoustier, Pio Marmaï, Blanche Gardin, Gilles Lellouche, Adèle Exarchopoulos, Eric Judor, Ramzy Bedia, Alain Chabat et Benoît Magimel… Hors des radars, sans avoir fait aucune école de cinéma ni fréquenté le cinéma mais en se faisant un nom dans la musique électronique, où il était connu sous le pseudonyme de M. Oizo, Quentin Dupieux, à peine 50 ans, est devenu un poids lourd du cinéma français.
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