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La mère d’une victime française dénonce un accord « complaisant » entre Boeing et la justice

Le ministère américain de la Justice (DOJ) a notamment proposé à Boeing de plaider coupable de fraude dans l’affaire pénale liée aux accidents de deux avions 737 MAX en 2018 et 2019.

Catherine Berthet, qui a perdu sa fille Camille dans le crash d’un Boeing 737 MAX 8 d’Ethiopian Airlines le 10 mars 2019 près d’Addis-Abeba, a dénoncé lundi la « complaisance honteuse » de l’accord de plaidoyer de culpabilité entre le fabricant et le ministère américain de la Justice (DoJ). « En offrant sur un plateau cet accord plus que complaisant (…) à Boeing, le DOJ fait preuve de faiblesse et d’un mépris évident pour les familles des victimes et l’intérêt public. »« Elle a déclaré dans un communiqué transmis à l’AFP par ses avocats.

« La justice américaine, qui devrait servir d’exemple au monde entier, fait en réalité preuve d’une complaisance honteuse envers ceux qui privilégient la rentabilité à court terme et l’image au détriment de la sécurité de leurs passagers. »Les familles ont déposé une requête pour contester cette annonce et ont demandé une audience auprès du juge fédéral du Texas (sud) Reed O’Connor, en charge de ce dossier. Elles réclament depuis le début un procès.

« D’accord avec des petits oignons »

« Cet accord est une folie en matière de sécurité aérienne. Il démontre le mépris et la surdité du DOJ aux auditions de lanceurs d’alerte (…), aux rapports d’experts et à l’augmentation plus qu’inquiétante des incidents. »estime Catherine Berthet. Selon elle, le ministère a proposé « le même accord, inique » L’accord de poursuite différée (DPA) a été proposé en janvier 2021, note-t-elle. Elle fait référence à l’accord dit de poursuite différée (DPA) conclu entre Boeing et le ministère le 7 janvier 2021, en lien avec le crash d’Ethiopian Airlines et celui d’un 737 MAX 8 de la compagnie indonésienne Lion Air le 29 octobre 2018. Ces crashs ont fait 346 morts.

L’accord obligeait Boeing à améliorer son programme de conformité et d’éthique, mais l’entreprise est aux prises avec des problèmes de production et de qualité depuis des mois, et un incident survenu le 5 janvier sur un 737 MAX 9 d’Alaska Airlines a depuis entraîné une multitude de retombées juridiques, politiques, réglementaires et de gouvernance.

Le ministère a notamment estimé que le groupe n’avait pas respecté ses engagements du DPA, qui prévoyait une surveillance de trois ans. C’est cette mise en cause qui a conduit au plaidoyer de culpabilité. « Une fois de plus, (…) le ministère de la Justice ignore les familles en ne mentionnant aucune des victimes dans l’accord de plaidoyer. »souligne Catherine Berthet. Il appartient désormais au juge fédéral de valider ou non cet accord. « Nous sommes confiants. Nous croyons en l’honnêteté et en la clairvoyance du juge O’Connor. »poursuit Catherine Berthet.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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