Le 4 juin 1989, le Parti communiste chinois ordonnait à son armée de tirer sur des milliers de jeunes manifestants rassemblés sur la place Tiananmen. Trente-cinq ans plus tard, la mémoire de ce massacre s’efface en Chine et peine à exister ailleurs.
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La manifestation a débuté le 15 avril 1989 en Chine, lorsque des milliers de jeunes ont envahi la place Tiananmen pour protester contre la corruption et exiger des réformes politiques et démocratiques. Le 4 juin de la même année, le gouvernement chinois signe la fin du mouvement en ordonnant à l’armée de tirer sur les manifestants : aucun chiffre officiel n’existe, mais le nombre de victimes est estimé à plusieurs milliers, principalement des étudiants. Aujourd’hui, 35 ans plus tard, c’est à l’étranger que cette mémoire est évoquée avec un rassemblement organisé lundi 4 juin à Paris.
Une chose est sûre, ce n’est pas en Chine que vit le souvenir de Tiananmen. Pour les autorités, le massacre n’a jamais eu lieu, beaucoup de Chinois l’ignorent même et pour ceux qui l’ont vécu, le silence a prévalu. « Les gens qui n’étaient pas nés à l’époque n’ont certainement pas appris par leurs parents qu’il y avait eu une manifestation car les parents savaient que s’ils en parlaient à leurs enfants, ils risquaient d’en faire des dissidents ».« , explique la sinologue Marie Holzman.
Le souvenir du massacre de Tiananmen, inexistant en Chine, s’estompe également chez les Hongkongais qui le commémorent chaque année depuis 1989 : « Ce sont eux qui ont gardé la mémoire de Tiananmen, poursuit Marie Holzman. Ce sont eux qui se sont rassemblés au parc Victoria par dizaines de milliers, avec le plus de ferveur. »
La mémoire fait défaut, y compris chez les Occidentaux qui se révèlent peu fiables lorsqu’il s’agit de parler du massacre. Selon le spécialiste, « De temps en temps, les contrats avec la Chine les obsèdent » et la mention de Tiananmen est alors remise à « plus tard ».
Le souvenir du massacre semble impossible. Cependant, son ombre plane toujours sur les dirigeants chinois. Ils ont encore tremblé il y a deux ans lorsque, au sortir du Covid et en signe de protestation contre le pouvoir, la jeunesse chinoise est descendue dans la rue en brandissant des draps blancs.