Dans une interview accordée à Radio France, « Le Monde » et le « Wall Street Journal », le président congolais assure qu’il prend le « chemin de la paix » alors que tout le monde craint une guerre avec le Rwanda. Félix Tshisekedi assure cependant qu’il s’agit d’une « dernière chance », car « les provocations de Kagame sont nombreuses ».
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« C’est la voie de la dernière chance », annonce dans un entretien accordé à Claude Guibal et Eric Audra, de Radio France, Le Monde et le Wall Street Journal, le président congolais, Félix Tshisekedi, au sujet de la relance de la médiation entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, alors que les rebelles du M23, soutenus par Kigali, progressent toujours au Nord-Kivu. Il assure « avoir l’espoir que cela aboutisse à quelque chose »tout en accusant le président rwandais Paul Kagame de « manutention » et à avoir « mauvaises intentions ».
Depuis que les insurgés ont repris les armes en 2021, jamais les combats n’ont été aussi proches de Goma, la capitale du Nord-Kivu, où ont trouvé refuge des centaines de milliers de déplacés. Lors de la campagne présidentielle, avant sa réélection en décembre 2023, Félix Tshisekedi a déclaré que « la moindre escarmouche » il déclarerait la guerre au Rwanda qui soutient les rebelles. Depuis, « Il y a eu une intense activité diplomatique, pour ne pas dire des pressions sur la RDC, pour qu’on ne prenne pas en priorité la voie de la guerre. » L’Union africaine a notamment désigné le président angolais Joao Lourenço comme médiateur entre les deux pays.
De nombreuses « provocations »
« Il y a un chemin vers la paix qui a été tracé »explique Félix Tshisekedi, « Je le prends, non pas par faiblesse, mais avec l’espoir que cela débouchera sur quelque chose. Et pour moi, c’est la voie de la dernière chance, car les provocations de Kagame sont nombreuses. Sa manipulation et ses mauvaises intentions d’aujourd’hui sont au-delà. toute ombre de doute. »
Dans l’est du Congo, la rébellion du M23 encercle Goma, la capitale du Nord-Kivu et ses deux millions d’habitants. Un conflit né il y a 30 ans, au lendemain du génocide des Tutsis au Rwanda, sur fond de rivalités ethniques et de pillage des ressources minières, dans cette région au sous-sol riche en minerais rares et stratégiques comme le coltan, indispensable au la composition des smartphones.
« Cette agression est menée pour des raisons économiques, pour piller les ressources de la République démocratique du Congo. Et cela se fait au prix d’un nettoyage ethnique qui ne dit pas son nom.»
Félix Tshisekedi, président de la RDCsur franceinfo
« En raison des massacres et des violences perpétrés par le Rwanda, des populations entières sont déplacées et vivent dans des conditions inhumaines. » dénonce le président. « Et ces populations sont déplacées de force parce que les localités où elles vivent, leurs localités d’origine, contiennent des matériaux utiles aux pays industrialisés », il assure.
Aux yeux du président congolais, les condamnations internationales de l’action du Rwanda ne suffisent pas, et pour cause : « Je vais être très dur, c’est de la complicité. Kagame l’a dit lui-même. Il a dit qu’il n’était pas seul dans les malheurs du Congo, dans le pillage du Congo. Il était lui-même responsable du vol des ressources et d’autres achetaient et les transformer. »
Condamnation n’est pas sanction, et c’est la preuve d’un certain laisser-faire selon Félix Tshisekedi : « Quand Navalny est mort, il y a eu 500 sanctions américaines contre la Russie. 500 pour un individu ! Au Congo, il y a eu 10 millions de morts. Ce n’est pas moi qui dis ça, ce sont les organisations humanitaires. Combien de sanctions contre le Rwanda ? Zéro. Si c’est ça pas deux poids, deux mesures, dites-moi ce que c’est.