la Marine nationale est équipée de robots de pointe
Le ministère des Armées vient de passer commande de deux systèmes robotiques sous-marins pour équiper la Marine nationale d’ici 2026. Objectif : explorer et sécuriser les fonds marins à 6 000 mètres de profondeur.
La maîtrise des grands fonds marins, un enjeu stratégique pour l’armée
La stratégie de contrôle des fonds marins dévoilée en 2022 vise à renforcer la Marine nationale avec des équipements capables d’intervenir à des profondeurs jamais atteintes jusqu’alors. Jusqu’à présent, les moyens disponibles ne permettaient de descendre que jusqu’à 2000 mètres. Cette limite contraint la France, alors que les menaces potentielles et les enjeux stratégiques liés aux infrastructures sous-marines ne cessent de croître. Les 3/4 des fonds marins se trouvent à plus de 3 000 mètres de profondeur. La Direction générale de l’armement (DGA) a donc annoncé le 2 octobre 2024 avoir commandé deux nouveaux systèmes robotiques sous-marins.. Avec cette commande, la France entend reconquérir une capacité qu’elle a perdue il y a quarante ans. Les nouveaux engins, capables de descendre jusqu’à 6 000 mètres, constitueront la première capacité hauturière de la Marine nationale à partir de 2026.
La commande de la DGA s’inscrit dans le cadre du plan d’investissement « France 2030 ». Il s’agit de deux systèmes distincts, chacun confié à un constructeur français. Exail, spécialiste des drones navals et qui a généré un chiffre d’affaires de 323 millions d’euros en 2023, est chargé de développer le drone sous-marin autonome A6K-M. Ce drone bénéficie du travail réalisé avec l’IFREMER sur l’Ulyx et promet une grande endurance grâce à ses sonars performants. L’objectif ? Cartographier les fonds marins, surveiller les infrastructures et réaliser des opérations discrètes. L’A6K-M sera intégré à bord des navires de soutien de la Marine et pourra être transporté par avion cargo A400M.
De son côté, Travocean, filiale de Louis Dreyfus Armateurs, se concentre sur le développement du robot télécommandé ROV-DeepSea. Ce robot, conçu pour des opérations complexes, sera équipé d’optiques performantes et d’une gamme d’outils pour les interventions en haute mer..
Une réponse aux menaces hybrides et à la protection des infrastructures
Outre l’exploration, ces robots ont vocation à répondre aux menaces de plus en plus fréquentes pesant sur les infrastructures sous-marines. Des événements géopolitiques, comme le prétendu sabotage du gazoduc Nord Stream par des plongeurs ukrainiens, montrent la vulnérabilité de ces structures stratégiques. Les attaques des Houthis en mer Rouge ont également mis en évidence les risques qui pèsent sur les réseaux de câbles sous-marins reliant l’Asie à l’Europe. Les deux systèmes commandés par la DGA seront donc importants pour assurer la sécurité de ces infrastructures critiques, garantir la liberté d’action des forces françaises et protéger les intérêts du pays en haute mer. En maîtrisant mieux les fonds marins, la Marine sera en mesure de prévenir et de répondre efficacement à ces menaces hybridesrenforçant ainsi sa capacité de défense et d’intervention.
La livraison des robots A6K-M et ROV-DeepSea d’ici 2026 marque une première étape dans le renforcement du potentiel de la Marine nationale. Mais ce n’est pas la fin des ambitions. Le ministère des Armées envisage d’aller plus loin dans la modernisation du sous-marin Nautile, prévue jusqu’en 2035. La collaboration avec des organismes comme l’IFREMER et le CNRS s’inscrit également dans cette volonté de mieux connaître et maîtriser les fonds marins. A terme, ces équipements permettront à la France de cartographier plus précisément les océans. La capacité d’intervention à 6 000 mètres sera un atout majeur pour la Marine nationale, lui offrant une liberté d’action élargie, tant pour la protection des infrastructures que pour affirmer sa présence dans les zones d’intérêt stratégique.