la marche triomphale des « tradis » en pèlerinage à Chartres – Libération

Jamais cet événement, encadré par l’association Notre-Dame de Chrétienté, n’avait rassemblé autant de marcheurs : 18 000, selon les organisateurs. Messe en latin et « vision patriotique du catholicisme », ce pèlerinage est un véritable point de ralliement du « tradiland ».

Dans l’immense plaine de la Beauce, la colonne est visible de loin, s’étendant sur de longs kilomètres. Le blé est encore vert. Des banderoles fleuries et des drapeaux arborant le cœur chouan (un cœur rouge surmonté d’une croix), symboles d’un monde contre-révolutionnaire que l’on croyait submergé, claquent au vent. « C’est la foule des amoureux de la tradition», s’enthousiasme Xavier, un jeune ingénieur de 24 ans. La tradition ? C’est celle de la messe latine (appelée tridentine et qui fut codifiée au XVIe siècle lors du concile de Trente) que ces milliers de pèlerins défendent contre vents et marées. Au départ de Paris, ils rejoignent Chartres et sa cathédrale chaque week-end de Pentecôte, parcourant une centaine de kilomètres à pied en trois jours.

« L’effort physique doit conduire à l’effort spirituel » commente l’aumônier national du pèlerinage, Jean de Massia, âgé d’à peine 34 ans. L’abbé affable au visage poupon et aux cheveux coupés court porte, comme il se doit, une stricte soutane noire et des chaussures de marche. « Le premier jour, samedi, est le plus dur», ajoute Massia. Quarante kilomètres pour rejoindre le premier bivouac à Choisel, dans la vallée de Chevreuse. Car, selon ce qu’explique l’aumônier, il faut quitter les contingences du monde pour se rapprocher de Dieu.

Chez les « tradis » français, l’heure est au triomphe. Jamais le pèlerinage de Chartres, encadré par l’association Notre-Dame de Chrétienté, n’a rassemblé autant de marcheurs, 18