C’était l’anniversaire le plus couru de l’automne 2023 à Marrakech. Célébré pendant une semaine, du 4 au 8 octobre, le centenaire de La Mamounia a réuni plusieurs milliers d’invités triés sur le volet pour une série d’événements largement commentés dans la presse people : un concert de Mika, un banquet de 120 mètres de long préparé par un chef français triplement étoilé, un ballet nocturne de 500 drones, l’inauguration d’un lustre composé de 5 000 pièces de verre et d’argent…
Une rumeur courait selon laquelle les festivités pourraient être annulées suite au séisme qui a frappé la province voisine d’Al Haouz un mois plus tôt, tuant près de 3.000 personnes… mais cela n’a pas été le cas. « Pour organiser des célébrations aussi fastueuses alors que le Maroc pansait encore ses plaies après le tremblement de terre, l’hôtel devait avoir reçu le feu vert du souverain ou de son entourage. »dit un expert.
Si, après avoir appartenu au gouvernement, La Mamounia est récemment devenue la propriété de l’Office chérifien des phosphates (OCP), l’hôtel, dont l’histoire officielle dit qu’il a été construit en 1923 sur un ancien verger offert au XVIIIe siècleet Construit au 15e siècle par le sultan alaouite Sidi Mohammed Ben Abdallah à son fils héritier, le palais reste étroitement lié au palais. Contrairement à son père, Hassan II, le roi Mohammed VI n’y séjourne pas mais y passerait de temps à autre, assurent les journaux. C’est lui-même qui aurait choisi Jacques Garcia pour redécorer entièrement l’établissement entre 2006 et 2009.
Marrakech, un nid d’espions ?
Au cœur de Marrakech, dans le quartier huppé de l’Hivernage, La Mamounia, qui trône chaque année en tête des classements hôteliers mondiaux, se targue d’avoir accueilli les plus grandes célébrités de leur temps, de Joséphine Baker à Alfred Hitchcock en passant par Ronald Reagan et Nicole Kidman. C’est depuis ses balcons que Winston Churchill a peint plusieurs de ses toiles. La légende raconte que le général de Gaulle y aurait passé une nuit dans un lit spécialement conçu pour sa taille.
Mais ceci « vitrine du royaume »L’hôtel Mamounia, comme le disent les brochures touristiques, ne se résume pas seulement à son art de recevoir. Aucun hôtel en Afrique n’illustre mieux l’exercice d’une diplomatie parallèle, qui a donné naissance à une expression chargée de sens : ne parle-t-on pas de « diplomatie de la Mamounia » ? ? La liste des personnalités politiques et économiques, notamment françaises, qui y ont séjourné est en effet longue, illustrant les liens étroits noués avec le Maroc par des dirigeants et hommes influents de tous bords.
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