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La malchance des industriels menace l’emploi

« La grande question est de savoir quand le point bas sera atteint et quand va-t-il recommencer ? » s’interroge Jean-Christophe Regnier, chargé de la commission économique deAxema, le syndicat français du bâtimentet directeur général de Lemken France.

Le syndicat, qui regroupe 249 entreprises et représente 93 % de l’offre française de matériel agricole, a présenté ce mercredi 13 novembre son point de conjoncture économique pour 2024. Un bilan sombre : le marché français est en baisse de 12%. Et les prévisions pour 2025 sont prudemment pessimistes, avec une nouvelle baisse de 5 % attendue. « Si nous sommes tombés aussi bas, c’est aussi parce que nous sommes montés très haut », réfléchit Jean-Christophe Regnier.

Les constructeurs français de machines attendent de toucher le fond de la piscine pour espérer remonter à la surface. Difficile de prédire l’avenir. « Nous sommes généralement sur des cycles de hausse puis de baisse de 3 ans. Là, nous avons eu six années consécutives de progrès. C’est une situation à laquelle nous n’avons jamais été confrontés auparavant », commente Christian Fischer, vice-président d’Axema et directeur commercial France chez Kuhn.

Les carnets de commandes se vident

Si 2023 avait été une année record en termes de facturation, la baisse des prises de commandes laissait présager une année 2024 morose. D’autant qu’elles ont encore baissé ces derniers mois.  » Le mois de septembre, avec – 37% par rapport à septembre 2023, est cataclysmique », déplore David Targy, directeur des affaires économiques et internationales chez Axema.

2024 s’annonce donc comme « la pire année pour les commandes en France depuis 2010 Ce qui n’augure rien de bon pour une reprise rapide. « Les prises de commandes ne se traduisent en chiffre d’affaires que 3 à 6 mois plus tard, explique David Targy.

Parmi les entreprises ayant répondu à l’enquête d’Axema, 59% un carnet de commandes qui assure moins de 3 mois de chiffre d’affaires. « Il n’y a pas si longtemps, nous envisagions plus de douze mois. Gérer et adapter l’outil de production avec ces variations est un véritable casse-tête », analyse Olivier le Flohic, vice-président d’Axema et directeur commercial de New Holland France.

Le monde entier est impacté

Les ventes à l’export, source de croissance lorsque le marché français est en difficulté, sont en baisse de 23 %. Tous les pays du monde sont concernésavec une baisse des importations de 12% aux USA, 22% en Allemagne, 20% en Italie… Le marché des tracteurs neufs est en baisse partout en Europe, notamment dans les pays de l’Est, en Scandinavie et en Italie, à l’exception des « petits » marchés où il pousse (péninsule ibérique, Belgique et Grèce).

Le chiffre d’affaires des constructeurs français est ainsi en baisse de 14,5% depuis début 2024 par rapport à 2023. Celui de la distribution de matériel agricole, concessionnaires, n’a baissé que de 3,1%. « Sur le marché de gros, un assainissement des stocks est en cours mais le marché de détail résiste », constate Jean-Christophe Régnier.

Le secteur du machinisme agricole se dirige vers un tout petit millésime en termes d’immatriculations de véhicules neufs par rapport à 2023. Les estimations s’appuient sur 23.100 tracteurs standards (- 12 %), 4.600 chargeurs télescopiques (- 12 %), 1.400 moissonneuses-batteuses (- 8 %) ou encore 2.600 presses à balles rondes (- 5 %). Seules les ensileuses automotrices tirent leur épingle du jeu avec une hausse de 5%, mais après une année 2023 catastrophique.

Ajustements à l’emploi

« Il convient de noter que les tracteurs de forte puissance, plus de 200 ch et surtout 300 ch, progressent », précise Jean-Christophe Regnier. La bonne santé des matériels de transport est à prendre avec des pincettes : « La nouvelle réglementation sur le freinage au 1er janvier 2025 a incité les agriculteurs à immatriculer les véhicules anciens. »

Conséquence de ces chiffres inquiétants : « Les premiers ajustements sur l’emploi sont en cours », annonce Axema. 21% des industriels interrogés par le syndicat envisagent des réductions d’effectifs au cours des 12 prochains mois, 54% ont déjà réduit leurs effectifs intérimaires et 15 % ont établi une activité partielle. 10% sont « très pessimistes » pour l’avenir, un niveau jamais atteint.

Les causes de cette crise sont multiples. La situation agricole n’est pas favorable aux investissements. En production céréalière, 2024 est la 3ème pire année depuis 30 ans en termes de rendement mais aussi de production. Les revenus sont en berne et les marges sont souvent négatives.

Les prix ne flambent plus

Difficile dans ces conditions de débourser de coquettes sommes pour s’équiper, alors que le prix des machines a augmenté de 31,5% entre janvier 2019 et septembre 2024. Cet envolée s’apaise (la hausse n’est que de 1,7% depuis début 2024) mais « les prix ne retrouveront pas leur niveau de 2019c’est impossible, dit David Targy. Les coûts de production diminuent depuis 2023 mais restent toujours 30 % plus élevés qu’en 2020. »

 » Face à la baisse des prix, c’est à chaque constructeur de s’ajuster. Il peut y avoir des campagnes commerciales pour soutenir la production mais cela ne peut durer qu’un temps», estime Jean-Christophe Regnier.

Constructeurs et agriculteurs sont finalement dans le même bateau : ils dépendent du ciel et espèrent enfin du beau temps.  » Il faut une bonne récolteou juste une récolte normale, cet été pour recommencer », conclut Jean-Christophe Regnier.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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