Gwendoline Poirier porte les cheveux très longs. Comme un triomphe sur la maladie. C’est à l’âge de 25 ans que le cancer du sein fait irruption dans sa vie. Il y eut d’abord une « petite masse », elle la sentit sous ses doigts. Mais ça ne pouvait pas être ça, pas si jeune, pas elle, pleine de vie, pleine de désirs. Alors la Bordelaise laisse passer « quelques mois ». Mais « le ballon » ne disparaît pas. Elle finit par le montrer à son médecin généraliste. « Il était extrêmement rassurant », se souvient-elle. Évidemment, 25 ans, pas d’antécédents… Par souci de conscience, quand même, allez, faisons une échographie, dit-il. Tiens, sur l’image, la forme est étrange… L’échographe est confiant, mais il commande une biopsie, « sans stress », glisse-t-il.
Gwendoline plaisante avec sa sœur : « Allez, on saura mercredi si j’ai un cancer. »
« Combattez : vous n’avez pas le choix »
Mercredi, plus personne ne plaisante. Sa mère est à ses côtés lorsque le médecin de famille annonce le verdict. Gwendoline n’a qu’une seule question : « Est-ce que je pourrai continuer à travailler ? » Sa mère en a une autre : « Est-ce qu’elle va mourir ? »
Non, Gwendoline ne va pas mourir. Elle va se battre. « Vous n’avez pas vraiment le choix », dit-elle en souriant. « Ensuite, tout va très vite. » Chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie. Et au milieu, un protocole de fertilité pour « congeler ses ovules », au cas où…
Gwendoline n’a qu’une seule question : « Est-ce que je pourrai continuer à travailler ? » Sa mère en a une autre : « Est-ce qu’elle va mourir ? »
« Il y a eu des moments compliqués, reconnaît-elle. « La maladie a changé tout mon être », poursuit la jeune fille, qui décide d’en « faire quelque chose de positif ». Saupoudrez le quotidien d’humour, pour ressentir moins de douleur. Quitte à donner un petit nom à son cancer : il s’appelle Maurice. « Il fallait que ce soit drôle. Et en fait, j’ai fait plein de choses incroyables », sourit-elle. Elle a couru des kilomètres, seule ou en relais, a filmé un clip vidéo, a posé tête nue devant l’objectif d’un photographe d’art, etc.
Il y a un an, elle a pris son dernier comprimé et a décidé de réduire la surveillance médicale, même si le mot « rémission » ne sort pas de sa bouche, comme par superstition. « Mon médecin dit qu’on ne s’en sort jamais », ajoute-t-elle. Par ailleurs, de nombreux points d’interrogation planent encore au-dessus de sa tête : à long terme, quels seront les effets des traitements ? Comment va-t-elle vieillir ?
« Bien s’entourer »
Aujourd’hui âgée de 32 ans, la Bordelaise porte un message : « Écoutez-vous, et entourez-vous bien. » C’est ce qu’elle a fait lorsqu’elle a demandé à changer de chimiothérapeute. « Un excellent professionnel. Mais humainement, ça n’a pas marché. Et il faut être à l’aise avec son médecin pour discuter de sa vie intime et de tous les détails de la maladie. Sinon ça ne marche pas. »
« Le cancer impacte toute votre vie, émotionnellement et financièrement »
Elle s’entourait également de douceur et de rires. « Néanmoins, le cancer a un impact sur toute votre vie, émotionnellement et financièrement. » Toute une vie transformée. Y compris celui de ses médecins : ils se souviendront longtemps de Gwendoline, de ses 25 ans et de ses cheveux longs. Le Cancer n’avait aucune raison de frapper à sa porte…