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la maison mère refuse de vendre l’application et donc de se conformer à la loi américaine – Libération

Aux Etats-Unis, une nouvelle loi veut contraindre le réseau social à couper tout lien avec la Chine, sous peine d’interdiction.

ByteDance, la société mère chinoise de TikTok, ne se séparera pas. Elle a annoncé jeudi 25 avril qu’elle n’avait pas l’intention de vendre son application, malgré une nouvelle loi américaine qui impose au réseau social de couper tout lien avec la Chine, sous peine d’interdiction aux Etats-Unis.

Depuis plusieurs années, TikTok est dans le collimateur des autorités américaines, qui estiment que la célèbre application de vidéos courtes permet au gouvernement chinois d’espionner et de manipuler les citoyens américains. Des allégations que son propriétaire, le groupe privé ByteDance, créé à Pékin, conteste farouchement. Au centre des craintes : une loi chinoise de 2017, qui oblige les entreprises locales à transmettre des données personnelles touchant à la sécurité nationale sur demande des autorités.

Face à la prétendue menace, le Sénat américain a adopté mardi un texte, promulgué le lendemain par le président Joe Biden. La loi impose à la plateforme de couper ses liens avec sa maison mère, et plus largement avec la Chine, sous peine d’exclusion des magasins d’applications Apple et Google sur le territoire américain. Le réseau social a désormais neuf mois pour s’affranchir de ByteDance.

« Nous continuerons à nous battre »

Malgré la pression, la maison mère ne compte pas céder. « Les informations de la presse étrangère selon lesquelles ByteDance envisagerait de vendre TikTok sont fausses. » a assuré le groupe sur Jinri Toutiao, une autre application qui lui appartient. « Nous continuerons à lutter pour vos droits devant les tribunaux. Les faits et la Constitution sont de notre côté et nous espérons l’emporter », de son côté, a martelé le patron de TikTok, le Singapourien Shou Zi Chew, auprès de ses abonnés.

ByteDance compte plusieurs investisseurs internationaux, dont les sociétés américaines General Atlantic et SIG mais aussi le groupe japonais SoftBank. « Si (l’application TikTok) était exclue aux Etats-Unis, nous ne la vendrions pas », Un autre investisseur, Mitchell Green du fonds américain Lead Edge Capital, assurait fin mars à CNBC.

170 millions d’utilisateurs aux États-Unis

TikTok, qui a vu ses chiffres exploser pendant la pandémie, compte aujourd’hui 170 millions d’utilisateurs aux États-Unis. Quelques jours plus tôt, le réseau social avait assuré que la loi américaine serait « C’est dévastateur pour 7 millions d’entreprises et cela entraînerait la fermeture d’une plateforme qui contribue chaque année à 24 milliards de dollars à l’économie américaine. » Sa valeur est toutefois difficile à estimer, notamment dans le cadre d’une vente forcée. En 2020, ByteDance avait fixé son prix à 60 milliards de dollars, selon l’agence Bloomberg, alors que le gouvernement de Donald Trump voulait à l’époque – déjà – contraindre le groupe à s’en séparer.

Le mois dernier, l’ancien secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin a déclaré vouloir réunir un groupe d’investisseurs pour racheter TikTok. Meta, la maison mère d’Instagram, ou encore le géant américain de l’internet Google, en seraient probablement empêchés, pour des raisons de concurrence. De leur côté, les autorités chinoises ont fustigé le « méthodes de voyous » du Sénat des États-Unis.

Cependant, ce n’est pas la première interdiction en Chine. En 2020, le ministère chinois du Commerce a modifié sa liste de technologies soumises à des restrictions ou à des interdictions d’exportation. La liste comprend entre autres les technologies d’intelligence artificielle (traitement des données, recommandation de contenus, etc.) qui ont fait le succès de l’application TikTok, où les vidéos courtes s’appuient sur des algorithmes pour personnaliser l’écran de chaque utilisateur en fonction de ses intérêts.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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