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La maison mère de Temu plonge en bourse, la formule magique de Colin Huang, son fondateur, est beaucoup moins réussie

Colin Huang sera resté deux semaines seulement l’homme le plus riche de Chine. Un statut que beaucoup lui enviaient mais qui ne correspond certainement pas aux ambitions du fondateur de la société de commerce en ligne PDD Holdings. En 24 heures, la fortune de l’homme d’affaires s’est réduite de 14,1 milliards de dollars, le ramenant au quatrième rang des personnes les plus riches du pays. Il reste à la tête d’un portefeuille de quelque 35,2 milliards de dollars selon l’agence Bloomberg.

PDD Holdings est surtout connu hors de ses frontières pour le site Temu, cette plateforme de consommation ultra rapide qui a déferlé sur l’Europe il y a plus d’un an en proposant des prix minimes sur des milliers de produits en tout genre, à coup de codes casino avec des machines à sous proposant toujours plus de promotions. Si l’application rencontre clairement un succès auprès des jeunes notamment, la recette n’est pas miraculeuse.

55 milliards de dollars de capitalisation disparus

Le groupe, qui est également très présent sur son marché national via la plateforme Pinduoduo, a annoncé lundi un chiffre d’affaires trimestriel inférieur aux estimations du marché et a prévenu que sa rentabilité serait « inévitablement » Ralentissement. Au deuxième trimestre, ses revenus ont totalisé 97 milliards de yuans (près de 12 milliards d’euros), en deçà des 100 milliards prévus en moyenne. Les revenus ont augmenté de 86 % sur un an, une croissance impressionnante mais en retrait par rapport à la hausse de 131 % du premier trimestre. Le directeur général Chen Lei a déclaré à plusieurs reprises lors de la conférence téléphonique avec les analystes que la trajectoire actuelle de l’entreprise n’était pas tenable, à un moment où des concurrents comme Shein (un site de mode chinois), Alibaba et Amazon intensifient leurs efforts.

Et même si PDD Holdings s’est engagé à un « développement de haute qualité », faisant écho à la rhétorique de Pékin, la sanction a été immédiate et amère à Wall Street. Le cours de l’action de la société cotée aux Etats-Unis a chuté de 29 %, sa plus forte chute jamais enregistrée, effaçant sa valorisation de 55 milliards de dollars. La direction a également revu à la baisse ses prévisions de dividendes et de rachat d’actions. Nous sommes confrontés à une concurrence intense sur divers fronts et à des incertitudes liées à des facteurs externes  » a déclaré Chen Lei. C’est pourquoi notre équipe de direction et moi-même sommes unanimes à penser que ce n’est pas le moment de racheter des actions ou de verser des dividendes. Et nous n’en voyons pas non plus la nécessité dans les années à venir. »

Prudence excessive ?

L’avertissement, et plus encore la rhétorique de la direction, ont surpris les investisseurs, sachant que l’entreprise est depuis longtemps présentée comme la principale bénéficiaire de la course vers le bas de la consommation en Chine. Mais la fragilité de la deuxième économie mondiale, la faiblesse persistante du secteur immobilier et le taux de chômage élevé des jeunes limitent les envies de dépenses. Nous savons qu’il y a un ralentissement des dépenses de consommation, mais nous espérions que PDD, qui dispose d’une plateforme de produits bon marché, pourrait bénéficier de ce ralentissement, il s’avère qu’ils sont également perdants « , a reconnu Vinci Zhang, analyste chez M Science. Son collègue chez UBS, Kenneth Fong, se demande si le PDD  » voit des choses que nous ne voyons pas ou si le groupe est simplement trop prudent dans un environnement macroéconomique incertain « , ajoutant que les marges de l’application Temu lui semblaient plus positives et qu’elle atteindrait probablement l’équilibre au quatrième trimestre.

Colin Huang, ancien ingénieur de Google, a fondé le groupe en 2015 après avoir lancé quelques sociétés… dans les jeux et le e-commerce, ça ne s’invente pas. Il s’est étendu hors de Chine sous la marque Temu en 2022, devenant l’une des applications les plus téléchargées aux Etats-Unis et en Europe. Mais des associations accusent l’appli de manipuler les internautes et de violer plusieurs dispositions réglementaires. Depuis mai, elle figure sur la liste de l’Union européenne des très grandes plateformes numériques soumises à des contrôles renforcés.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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