Anoa, 20 ans, en première année à Sciences Po Paris, déjeune tous les midis au restaurant universitaire, où les repas coûtent 1€ pour les étudiants boursiers. Le soir, le plus souvent, la jeune femme, qui reçoit une bourse de 150€ chaque mois mais doit payer 580€ de loyer, « saute » le dîner. Sauf quand elle peut se procurer de la nourriture grâce à la distribution alimentaire de l’association Linkee. Mais ce n’est pas toujours le cas : ce jour-là, l’étudiante a dans son frigo une pomme de terre cuite et quelques oignons.
Après une enfance difficile marquée par la mort de sa mère et l’abandon de son père, Théo, 21 ans, s’est retrouvé sans domicile fixe et a dormi dans sa voiture pendant six mois. Aujourd’hui, pour payer le loyer de son logement social, il réduit ses heures d’école pour travailler dans un centre de jour et faire du babysitting tous les week-ends.
Une subvention qui varie entre 1 400 et 7 600 € par an
Dawn, 20 ans, loue un studio dans une cave pour 460 € sans évier ni chauffage. Romain et Emma préfèrent mettre leur argent en liquide dans une boîte en métal pour mieux contrôler leurs dépenses. Solène, 21 ans, est tellement stressée de se retrouver à découvert qu’elle consulte son compte en banque plusieurs fois par jour. L’année précédente, confie-t-elle, cette situation lui avait causé une grave dépression.
Combien d’étudiants, faute de revenus suffisants, se privent de nourriture, de soins médicaux, de loisirs et de vêtements ? Dans ce documentaire de 60 minutes, Claire Lajeunie, une réalisatrice qui s’est fait une spécialité d’observer les plus vulnérables et à qui l’on doit un travail qui a inspiré le film à succès Les Invisibles –décide de ne pas répondre. Elle préfère laisser la parole à six jeunes, décrivant chacun à leur manière une facette de la précarité étudiante, qui reflète souvent les difficultés financières de leurs parents. Pour chacun d’entre eux, la bourse, qui varie entre 1 400 et 7 600 euros par an, est vitale. Mais elle ne suffit pas.
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