La lumière artificielle « peut s’avérer être un redoutable pollueur », prévient un membre de l’Académie nationale de médecine
A l’occasion de la 16e édition de l’opération nationale de sensibilisation à la pollution lumineuse, le docteur Jean-Louis Dufier appelle à suivre le rythme naturel du soleil pour déterminer les heures de lever et de coucher du soleil et éviter les maladies graves.
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Lumière artificielle « peut s’avérer être un redoutable pollueur » et provoquer des maladies graves, comme le cancer, en particulier chez ceux qui ont « travail de nuit »alerte samedi 12 octobre sur franceinfo Jean-Louis Dufier, ophtalmologiste et membre de l’Académie nationale de médecine, co-auteur du rapport « Pollution lumineuse et santé publique », publié par l’Académie de médecine. A l’occasion de la 16ème édition de l’opération nationale de sensibilisation à la pollution lumineuse ce samedi, l’ophtalmologiste appelle à « vivre exactement selon le rythme veille-sommeil ». Selon lui, pour vivre en bonne santé, « il faut rester à l’écoute du rythme naturel du soleil ».
franceinfo : Pourquoi les lumières artificielles sont-elles nocives pour la santé ?
Jean-Louis Duffer : Contrairement à d’autres sources de pollution, la lumière est rarement dénoncée, sans doute parce qu’elle est particulièrement insidieuse. Pourtant, cette lumière bienfaisante, également déifiée par les Égyptiens, peut se révéler être une redoutable pollueuse. Quels sont ses méfaits ? Fatigue, troubles de l’humeur, attention réduite, vigilance qui peut aussi être source d’accidents de la route, somnolence par manque de sommeil, troubles du sommeil, etc.
Pourquoi ces lumières perturbent-elles notre corps ?
Tout cela vient du fait que, par une mauvaise utilisation, notre exposition à la lumière artificielle jour et nuit provoque finalement un manque de sommeil chez nos concitoyens, et pas seulement chez les adultes. La lumière interagit avec notre rétine. C’est évidemment à travers la rétine que se produit le phénomène de vision. Dans les cellules rétiniennes, nous disposons de moyens de capter la lumière pour provoquer la transformation des photons lumineux en électrons qui vont parcourir les voies visuelles jusqu’au cortex occipital pour produire ce phénomène de vision. Non seulement la lumière permet le phénomène de vision, mais elle donne au cerveau des informations sur le jour et la nuit. Ainsi, un déficit de sommeil va entraîner une dérégulation du cycle veille-sommeil si important.
Cette perturbation peut-elle entraîner des maladies graves ?
Dans une étude portant sur 115 000 infirmières américaines suivies pendant dix ans, une augmentation significative de près de 80 % du risque relatif de cancer du sein a été mise en évidence lorsqu’elles travaillaient au moins trois nuits par semaine pendant 20 ans. Évidemment, les personnes qui travaillent de nuit sont particulièrement exposées.
Quels conseils donnez-vous aux Français pour se protéger de la lumière artificielle ?
« La nature est un guide doux »dit Ronsard. Il faut vivre exactement selon le rythme veille-sommeil, soit 9 heures de sommeil. En gros, suivez l’arrivée de la nuit vers 20h-21h et réveillez-vous vers 7h du matin. Il faut rester à l’écoute du rythme naturel du soleil.