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Espagne : les députés votent pour l’amnistie (Photo du président Nunez avant le vote sur l’amnistie pour les indépendantistes catalans le 30 mai 2024)
ESPAGNE – Amnistie pour les séparatistes catalans. Le Parlement espagnol a définitivement adopté ce jeudi 30 mai une loi d’amnistie très controversée en faveur des indépendantistes condamnés ou poursuivis pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017. Un vote qui ouvre ainsi la voie au retour de Carles Puigdemont.
Au terme d’une séance très tendue d’environ deux heures et dans une ambiance électrique marquée par des insultes, la loi d’amnistie a été approuvée par 177 voix contre 172, la majorité absolue étant de 176.
C’est au Congrès des députés, où le gouvernement de gauche de Pedro Sánchez dispose de la majorité absolue grâce au soutien des deux partis indépendantistes catalans, qu’il est venu donner force de loi à ce texte, qui domine la vie politique espagnole. depuis les élections législatives de l’été dernier.
Les députés avaient déjà adopté cette mesure le 14 mars par 178 voix contre 172, mais le Sénat, contrôlé par l’opposition de droite, y a opposé son veto deux mois plus tard, renvoyant le texte à la chambre basse, qui avait donc le dernier mot.
La condition des partis indépendantistes catalans
La présidente du Congrès des députés, la socialiste Francina Armengol, a ouvert la séance à 9 heures du matin, chaque groupe s’exprimant avant le vote qui a eu lieu dans la matinée.
Cette mesure d’amnistie, qui bénéficie à environ 400 personnes – au premier rang desquels Carles Puigdemont, en exil depuis 2017 – est le prix que le socialiste Pedro Sánchez a dû payer pour revenir au pouvoir en novembre.
Les deux partis indépendantistes catalans, notamment celui de Carles Puigdemont, avaient en effet réclamé cette amnistie en échange du soutien de leurs 14 députés, sans lesquels Pedro Sánchez n’avait aucune chance de rester Premier ministre.
Une loi « inconstitutionnel »
Cette situation inconfortable résulte des élections anticipées du 23 juillet, que le Parti populaire (PP), principale formation d’opposition de droite, avait certes remportées, mais sans parvenir à former une coalition fondée sur la majorité absolue des 350 députés.
Depuis, le PP s’élève contre cette loi d’amnistie, qu’il considère comme « inconstitutionnel » et contre lequel il a organisé de nombreuses manifestations, dont la dernière a rassemblé dimanche des dizaines de milliers de personnes à Madrid. Au cours de cette manifestation, son leader, Alberto Núñez Feijóo, a de nouveau convoqué Pedro Sánchez pour « supprimer cette amnistie ».
Le porte-parole du PP au Congrès des députés, Miguel Tellado, a prévenu mardi que même après son adoption, le parti ferait tout pour abroger cette loi, que ce soit par un recours devant la Cour constitutionnelle ou par « pression sociale »autrement dit celui de la rue.
» Faire de la nécessité une vertu »
Les dirigeants de l’opposition ne manquent jamais de rappeler que Pedro Sánchez lui-même avait exprimé son refus d’une amnistie pour les indépendantistes catalans lors de la campagne pour les élections du 23 juillet, avant que l’arithmétique parlementaire ne l’oblige à changer. d’opinion pour éviter de devoir convoquer de nouvelles élections.
« Il faut faire de la vertu une nécessité », a déclaré à plusieurs reprises M. Sánchez pour expliquer son revirement. Tous les sondages montrent que les Espagnols sont divisés sur l’amnistie, y compris les électeurs socialistes.
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