La leçon de tactique et d’équilibre de Tadej Pogacar dans l’étape du Galibier
Tadej Pogacar dessine ses trajectoires de descente aussi acérées que ses plans de conquête. Des déplacements au cordeau dans la pente du col du Galibier. Quitte à ce que ses roues viennent parfois lécher l’extrême bord de la route, mordre dans cette brèche indéfinie de graviers, de terre et d’herbes microscopiques qui percent, à haute altitude, la maigre marge de sécurité avant les cailloux ou le vide.
Cette remarquable maîtrise technique a valu au Slovène de l’équipe UAE-Emirates la victoire lors de la 4èmeet étape du Tour de France qui s’est élancée mardi 2 juillet de Pinerolo (Italie), pour endosser le maillot jaune et, surtout, repousser de 50 secondes au classement général son adversaire danois Jonas Vingegaard (Visma-Lease a Bike).
« J’ai été un peu surpris de voir la route mouillée dans les premiers virages, ça faisait un peu peur »« Je suis très content de ce que je fais, je …
Jonas Vingegaard jouait l’outsider
Son attaque à 800 mètres du sommet du Galibier fut tout aussi « parfaite » au sens tactique du terme. Un modèle d’instinct, de ruse et d’adaptation de l’athlète aux atouts de son environnement, de ses rivaux et du terrain. En prévision de son explosion, Tadej Pogacar s’était calé dans la roue de Jonas Vingegaard qui, lui, roulait derrière deux coéquipiers du Slovène, l’Espagnol Juan Ayuso et le Portugais Joao Almeida. Ce faisant, Jonas Vingegaard prenait le risque évident de se faire surprendre par une attaque de Tadej Pogacar derrière lui.
En cyclisme, pour accepter de tourner le dos à son adversaire, il faut se résigner ; se dire que, toutes proportions gardées, mieux vaut être à deux mètres devant l’assaillant, ce qui réduira l’écart à combler au moment de l’offensive. Un souhait souvent vain. Le positionnement dans la longue montée du col n’a pas menti : Jonas Vingegaard jouait pour le perdant.
Le départ tant redouté a lieu peu avant le sommet du Galibier à 2 642 mètres d’altitude. Tadej Pogacar surgit entre les coureurs de son groupe et le mur de spectateurs. Côté droit. Et c’est là que se situe la véritable surprise de son bond en avant, car la plupart des attaques de ce genre se produisent à gauche de la route… Déstabilisé, Jonas Vingegaard met une demi-seconde à réagir et il passe à gauche, contournant les coéquipiers du Slovène. Dans la manœuvre, il gagne une à deux secondes de plus. Au sommet, il accuse huit secondes de retard.
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