La Ligue des droits de l’homme (LDH) a demandé, mercredi 15 mai, au tribunal administratif de Montpellier de suspendre le couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans à Béziers, estimant que la mairie ne prévoit pas « pas d’objet » justifiant leur implication dans des troubles à l’ordre public.
Le maire, Robert Ménard, ancien proche de Marine Le Pen, avait justifié cet arrêté pris le 22 avril par le « Un nombre croissant de jeunes mineurs livrés à eux-mêmes en pleine nuit » et par un « nombre de faits qui s’aggrave » délits, citant l’incendie d’une école il y a près de cinq ans, en 2019, et le « Émeutes de juillet 2023 ».
« Mais aucun mineur de moins de 13 ans n’a été impliqué dans cet incendie, ni dans les émeutes »a affirmé Sophie Mazas, avocate de la LDH, lors de l’audience en référé-suspension, estimant que « ce décret est une atteinte à la liberté d’aller et venir de ces enfants des trois quartiers prioritaires de la ville ».
Un décret similaire pris en 2014 avait été annulé par le Conseil d’État en 2018. « En 2014 comme aujourd’hui, la mairie de Béziers n’apporte aucun élément justifié mettant en cause des mineurs de moins de 13 ans dans la rue la nuit »fustigé Me Mazas, rappelant que cette mesure doit, selon le Conseil d’État, être « justifié par l’existence de risques particuliers ».
« Le maire leur demande d’être accompagnés d’un adulte s’ils sortent la nuit. Cela n’a rien à voir avec une mesure d’assignation à résidence ou une atteinte à leur liberté. »a répondu Alexandre Bellotti, avocat représentant la mairie de Béziers. « Le maire a décidé de remplacer les parents absents, défaillants. Elle ne remplace pas la justice, mais veut intervenir dans les angles morts dans le but de garantir la sécurité et la tranquillité publiques.il a plaidé.
En raison de la procédure de référé-suspension en urgence, le délibéré est attendu dans les prochaines heures.
Le procureur de la République de Béziers, Raphaël Balland, a évoqué en avril « une augmentation significative du nombre de mineurs déférés devant le juge des enfants »avec « 84 mineurs référés en 2023, (contre) 53 en 2022 »mais il n’a pas précisé s’ils avaient plus ou moins de 13 ans.
En France, les moins de 13 ans ne représentaient que 2 % des personnes accusées d’agressions sur personnes en 2023, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.
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