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La France se classe 21e mondiale en 2024 et gagne trois places en un an

Dans son rapport 2024 sur la liberté de la presse, Reporters sans frontières souligne que cette année « les Etats ne parviennent pas à protéger le journalisme ».

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Micros de journalistes de chaînes de télévision et de radios lors d'une conférence de presse, en avril 2022. Photo d'illustration.  (VINCENT ISORE / MAXPPP)

La France progresse légèrement au classement mondial de la liberté de la presse*. Elle est classée 21e en 2024 par Reporters sans frontières et gagne trois places par rapport à 2023 où elle était 24e. « Les États ne parviennent pas à protéger le journalisme »relève Reporters sans frontières (RSF) qui publie vendredi l’édition 2024 de son classement mondial de la liberté de la presse que franceinfo a pu consulter.

RSF estime qu’au niveau mondial, les autorités politiques menacent la liberté de la presse alors qu’elles devraient l’être. « les garants ». Pour établir son classement, l’ONG s’appuie sur cinq critères : politiques, juridiques, économiques, socioculturels et sécuritaires. Et pour cette 22ème édition, c’est l’indicateur politique qui baisse le plus cette année, avec une baisse globale de 7,6. points. Cela signifie qu’un nombre croissant d’États ne garantissent pas au public une information fiable et indépendante, remettent parfois en question le rôle des journalistes, voire exploitent les médias. « RSF constate une dégradation inquiétante du soutien et du respect de l’autonomie des médias et une montée des pressions exercées par l’État ou d’autres acteurs politiques »rédige le rapport.

La Norvège à la 1ère place pour la 8ème année consécutive

Cette tendance touche même les plus grandes démocraties puisque le podium est perturbé. En 2024, les trois pays où la liberté de la presse est la mieux respectée sont la Norvège, le Danemark et la Suède. La Norvège conserve ainsi sa première place pour la huitième année consécutive, malgré un score plus faible qu’avant. L’Irlande cède sa deuxième place au Danemark et chute à la huitième position. Selon RSF, à Dublin, « Les intimidations judiciaires des groupes politiques ciblent les médias ».

Classement 2024 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.  (RSF)

L’Allemagne, 21e en 2023, se hisse à la dixième place. Le Royaume-Uni, 23e, gagne trois places. Dans ces deux pays, « si la liberté de la presse n’est pas menacée par des attentats politiques majeurs, la vigilance reste de mise », explique RSF. L’ONG pointe « l’arrestation de la Française Ariane Lavrilleux, journaliste à Mediapart et Disclose, « suite à une plainte du ministère des Armées » ainsi que le maintien en détention de Julian Assange au Royaume-Uni, « pays où les journalistes en exil, notamment iraniens, sont menacés depuis leur pays d’origine sans protection efficace de la part des autorités d’accueil ».

En fin de classement, la Chine, le Vietnam et la Corée du Nord occupaient les trois dernières places en 2023. Ils sont remplacés cette année par l’Afghanistan, la Syrie et l’Érythrée, dont l’indicateur politique a chuté. Afghanistan « continue de réprimer le journalisme depuis le retour au pouvoir des talibans », analyse RSF. La Syrie et l’Érythrée sont « deux pays devenus des zones de non-droit pour les médias, avec un nombre record de journalistes détenus, disparus ou otages »souligne l’ONG.

Carte de la liberté de la presse dans le monde en 2024. (RSF)

« Une croisade « russe » contre le journalisme indépendant »

Les temps forts de Reporters sans frontières cette année « une absence manifeste de volonté politique de la part de la communauté internationale pour faire respecter les principes de protection des journalistes », faisant référence à la situation au Moyen-Orient. Pour RSF, la guerre à Gaza est « marqué par un nombre record d’exactions commises contre les journalistes et les médias depuis octobre 2023 ». Les conditions des journalistes se sont également détériorées en Europe de l’Est et en Asie centrale dans le contexte de la guerre en Ukraine et où la censure des médias s’est intensifiée.« dans une imitation spectaculaire des actes de répression russes ».

La Russie, 162ème mondiale, « poursuit sa croisade contre le journalisme indépendant ». Et son influence s’étend à la Biélorussie, à la Géorgie, au Kirghizistan ou à l’Azerbaïdjan, « avec une vague de répression médiatique avant la présidentielle »jusqu’en Serbie, où les médias pro-gouvernementaux « la propagande russe est répandue et les autorités menacent les journalistes russes en exil ».

De son côté, l’Ukraine gagne 18 places au classement et se hisse à la 61ème place, grâce à « l’amélioration des indicateurs sécuritaires – moins de journalistes tués – et politiques ». « Si l’État de droit n’a pas été appliqué sur tout le territoire depuis l’invasion russe, empêchant les autorités de garantir la liberté de la presse, les ingérences politiques dans l’Ukraine libre ont diminué »Analyse RSF.

L’Argentine perd 26 places

L’ONG alerte sur la pression très forte que risque de subir la presse en 2024, année électorale qui verra deux milliards de citoyens appelés aux urnes. Car elle souligne qu’en 2023, des élections ont eu lieu notamment en Amérique latine, qui ont vu « l’arrivée au pouvoir de prétendus prédateurs de la liberté de la presse et de la pluralité de l’information »comme le nouveau président argentin Javier Milei, « qui, dans un acte symbolique inquiétant, a fermé la plus grande agence de presse du pays ». L’Argentine est 66ème au classement, perdant 26 places. RSF évoque également le Nigeria ou la République démocratique du Congo où les périodes électorales « s’accompagnent régulièrement de violences contre les journalistes ».

Mais les pouvoirs en place ne sont pas en reste, comme au Vietnam, où les journalistes qui s’expriment sur les réseaux sociaux « sont quasi systématiquement enfermés », ou en Chine, où le gouvernement « continue d’exercer un contrôle strict sur les chaînes d’information, en mettant en œuvre la censure ». et des politiques de surveillance. La Chine, qui reste le pays où le plus grand nombre de journalistes au monde sont « emprisonnés ». En Europe, RSF cite encore l’Italie, 46e au classement (en baisse de cinq places), qui fait partie des pays qui « orchestre une mainmise sur l’écosystème médiatique ». L’ONG pointe notamment du doigt un député de la majorité italienne, emmené par la Première ministre Giorgia Meloni, qui « cherche à acquérir la deuxième agence de presse ».


*Méthodologie : Le classement mondial de la liberté de la presse est établi par un comité d’experts du monde universitaire et des médias. Il est établi avec cinq indicateurs, contexte politique, cadre juridique, contexte économique, contexte socioculturel et sécuritaire, évalués sur la base d’une enquête quantitative des abus commis contre les journalistes et les médias, ainsi qu’une étude qualitative basée sur les réponses. depuis des centaines d’experts en liberté de la presse sélectionnés par RSF jusqu’à une centaine de questions.

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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