Près de cinq mois après avoir formulé la demande, la Métropole de Lyon a obtenu de la justice le lancement d’une évaluation indépendante concernant la pollution aux PFAS sur son territoire. Selon une décision consultée mardi 6 août par l’Agence France-Presse (AFP), celle-ci aura pour objectif d’évaluer la responsabilité des industriels Daikin et Arkema concernant la présence de ces éternels polluants en aval de Lyon.
Un panel d’experts devra décrire, d’ici le 31 décembre 2025, les substances per- et polyfluoroalkylées utilisées ou émises sur la plateforme de Pierre-Bénite, où sont implantées les entreprises, depuis sa création. Cette entité sera également chargée de donner son avis sur les dates à partir desquelles Daikin et Arkema ont eu connaissance des effets potentiellement nocifs sur l’environnement des PFAS, selon une copie de la décision rendue vendredi par un juge des référés de Lyon.
« Pour la première fois, des entreprises sont nommées et nous allons chercher leur part de responsabilité dans cette pollution »a déclaré à l’AFP le président de la Métropole, l’écologiste Bruno Bernard, se félicitant de cette « décision historique ». « En accédant à notre demande d’expertise indépendante, les tribunaux créent un précédent juridique dans la bonne direction. »il a également commenté sur le réseau social X.
Faire payer les dommages aux entreprises
Le représentant du Parti vert insiste également sur ce que cette expertise signifiera finalement pour les deux entreprises concernées : selon lui, « La prochaine étape sera d’aller les chercher sur le principe du pollueur-payeur »Si leur rôle était formellement confirmé, la métropole leur demanderait alors de compenser le surcoût lié au traitement des eaux courantes polluées par les PFAS. « A titre d’exemple, le coût des investissements pour traiter la pollution des eaux par les PFAS dans la métropole lyonnaise s’élève à 5 millions d’euros d’investissements et va générer un surcoût annuel pouvant atteindre 600 000 euros dès 2026 ! »illustre Bruno Bernard.
L’entreprise française Arkema et l’entreprise japonaise Daikin utilisent depuis des années des PFAS dans leurs usines de Pierre-Bénite, mais la nature et le volume de leurs rejets au fil du temps restent mal connus. La pollution est pourtant avérée. Interrogés lors d’une audience en mai, leurs avocats avaient demandé le rejet de la demande d’expertise, arguant qu’ils n’avaient commis aucune faute. « pas de faute civile ». « Ce sont des produits mis librement sur le marché »Elodie Simon avait notamment plaidé en faveur d’Arkema.
Quasiment indestructibles, les PFAS sont une famille de substances comprenant plus de 4 700 molécules. S’accumulant au fil du temps, on les appelle souvent « polluants éternels »En cas d’exposition sur une longue période, ils peuvent avoir des effets sur la fertilité ou favoriser certains cancers, selon les premières études.