« La Jeune femme à l’aiguille » de Magnus von Horn, horreur de l’aiguille – Libération

Le Suédois enchaîne les transgressions gratuites et s’en prend sadiquement à son actrice, tandis que le spectateur exaspéré se demande comment cette atrocité a abouti en compétition.

Y aura-t-il un sort pire pour un personnage cette année à Cannes que de se retrouver dans un film de Magnus von Horn ? La jeune femme à l’aiguille attaque la pauvre Karoline (Victoria Carmen Sonne) avec un sadisme avide. Son visage déformé par les grands angles et la contrefaçon noir et blanc estampillée « Copenhague 1918 », ses viscères malmenés par une tentative d’avortement dans un bain public (voir le titre, tricoter) ne sont que le début de ses peines. Larguée et expulsée de son usine par son patron et amant, poursuivie par son mari revenu le visage brisé de la Grande Guerre, elle sera recueillie par un infanticide en série accro à l’éther avant de finir dans un cirque ambulant.

Un patchwork sans fin du pire

Dès les premiers retours entendus avant le générique, les premiers morphings de visages malaxés superposés au son d’une horrifique corne de brume numérique, la question nous taraude : qui diable a décidé de faire rendre à Greta Gerwig son petit-déjeuner du premier matin de compétition ? Car oui, le film a traversé les différentes étapes menant à une sélection inexorable sans que personne ne remette en question le but de cet interminable patchwork du pire, qui semble jouir tout seul de ses supposées transgressions gratuites sans jamais produire en nous autre chose que de l’agacement. Débranchez-nous immédiatement de l’IA maléfique qui a cauchemardé cette épreuve en costumes. Il doit être vide quelque part dans les sous-sols du cinéma d’auteur européen.

En compétition. La jeune femme à l’aiguille de Magnus von Horn, avec Victoria Carmen Sonne, Trine Dyrholm, Besir Zeciri… 1h55.