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la Haute Autorité de Santé justifie son avis négatif au remboursement d’un éventuel traitement

la Haute Autorité de Santé justifie son avis négatif au remboursement d’un éventuel traitement

Fin octobre, la HAS a refusé l’accès « précoce » au Qalsody de Biogen, indiqué dans une forme génétique rare de la pathologie, ce qui a suscité la colère des patients.

Le 25 octobre, l’avis de la Haute autorité de santé (HAS) a fait l’effet d’une douche froide pour les patients atteints d’une forme rare de la maladie de Charcot : elle avait refusé d’accorder l’accès dit « anticipé » au médicament Qalsody, demandé par le laboratoire Biogen. Cette procédure permet, pour les patients en impasse thérapeutique, le remboursement d’un médicament prétendument innovant, alors même que les études en cours n’ont pas encore pleinement démontré son intérêt, parfois avant même leur autorisation de mise sur le marché, ou leur remboursement dans le cadre de droit commun. Ce médicament est actuellement administré dans le cadre d’un accès « compassionnel » et aux frais du laboratoire. Le traitement consiste en une injection mensuelle dans la colonne vertébrale, à la manière d’une ponction lombaire, pour un coût estimé à 30 000 euros par mois.

Qalsody, basé sur la molécule tofersen, vise à ralentir la progression de la maladie de Charcot, également appelée sclérose latérale amyotrophique (SLA), une pathologie neurodégénérative qui se manifeste par une paralysie musculaire progressive due à une dégénérescence des motoneurones, les cellules qui contrôlent la contraction musculaire. Incurable à ce jour, son issue est dramatique : l’espérance de vie est en moyenne de trois à quatre ans après l’apparition des symptômes – même si 10 % des patients vivent plus de dix ans. Qalsody cible uniquement les patients présentant une forme génétique particulière, ce qui ne représente qu’un faible pourcentage des patients. A savoir les patients porteurs d’une mutation du gène SOD1 (environ 1% des cas de SLA).

Approuvé par les autorités sanitaires américaines et européennes

Tofersen avait été approuvé ces derniers mois par les autorités sanitaires américaines et de l’Union européenne (UE), une nouveauté très rare pour cette maladie quasiment incurable. Mais la HAS française n’a pas suivi cet exemple, en raison des bénéfices incertains du médicament au vu de l’étude réalisée par Biogen. Cette décision a provoqué la colère de la principale association française de lutte contre la maladie, l’Association pour la recherche sur la sclérose latérale amyotrophique (ARSLA), la qualifiant de « cruel et inacceptable »en interpellant le président de la République, Emmanuel Macron.

Face au tollé, la HAS a publié ce vendredi 8 novembre une « mise à jour » pour expliquer sa décision. Pour être validé, le dispositif « d’accès précoce » doit répondre à quatre conditions, rappelle-t-elle : le médicament doit être destiné à traiter une maladie grave, rare ou invalidante ; il n’existe pas déjà de traitement approprié ; la mise en œuvre du traitement ne peut être retardée ; le médicament est présumé innovant, notamment en ce qui concerne un éventuel comparateur cliniquement pertinent.

Une étude qui ne convainc pas

Cependant, si « les deux premiers critères ont été validés »poursuit la HAS, les données fournies par le laboratoire Biogen sur les deux autres critères ne lui ont pas permis de « conclure favorablement ». « En effet, les résultats de l’analyse principale de l’étude clinique de phase III n’ont pas démontré de différence statistiquement significative entre le tofersen et le placebo sur l’état clinique des patients après 28 semaines de traitement ». « Par ailleurs, les données de l’étude du laboratoire Biogen n’étaient pas suffisamment robustes quant à une éventuelle évolution favorable d’un marqueur biologique (dosage des neurofilaments) »ajoute l’autorité sanitaire. « Consciente des enjeux et des attentes, la HAS regrette de ne pas disposer de données concluantes »et invite le laboratoire Biogen « fournir de telles données ».

« Jusqu’à présent, les résultats publiés n’ont pas montré l’effet bénéfique souhaité de ce médicament, mais cela pourrait être dû à la manière dont l’étude a été construite.», a expliqué à Figaro Séverine Boillée, directrice de recherche à l’Inserm et chercheuse au Brain Institute, au moment de la publication de l’étude, en septembre 2022.

Un effet significatif si pris très tôt ?

La HAS souligne que « l’évaluation du médicament Qalsody se poursuit, en ce moment même, lors d’une autre procédure, le laboratoire Biogen ayant également demandé un remboursement de droit commun »et indique qu’il est prêt à poursuivre les discussions avec le laboratoire dans les semaines à venir. « Cette procédure conduira la commission transparence de la HAS à adopter un nouvel avis »qui sera suivie d’une décision du ministère de la Santé sur le remboursement éventuel de Qalsody, comme pour tout médicament.

Les experts dans le domaine s’accordent à dire que Tofersen pourrait avoir un effet significatif s’il est pris très tôt. « L’objectif ultime serait de traiter les personnes porteuses de ce gène muté avant qu’elles ne développent la maladie.», poursuivait en 2022 la scientifique Séverine Boillée.

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