La hausse du dollar observée ces dernières semaines inquiète le reste du monde, notamment les pays émergents. Fin avril, le « dollar index », l’indicateur de référence qui mesure l’appréciation de la monnaie américaine en la comparant à un panier de devises, a dépassé le seuil des 106 dollars (environ 98 euros), se rapprochant du pic historique de 113. dollars atteint en octobre 2022.
La roupie indonésienne est tombée à un plus bas historique fin avril face au billet vert, obligeant la banque centrale du pays à intervenir sur les marchés et à augmenter les taux pour soutenir sa monnaie. La roupie indienne et le ringgit malais ont également plongé. « Un dollar fort n’est jamais une bonne nouvelle pour les pays émergents » note Neil Shearing, économiste en chef chez Capital Economics.
Et pour cause : cela alourdit la facture de leurs importations, notamment de matières premières, payées en billets verts, au risque d’alimenter l’inflation locale. Mauvaise nouvelle, car de nombreux pays tentent désespérément de lutter contre la hausse des prix, qui touche particulièrement les plus pauvres.
La dette extérieure, dont la moitié de l’encours mondial est libellée en dollars, est également plus coûteuse à rembourser, d’autant plus qu’elle a augmenté ces dernières années. Elle a en effet atteint le niveau record de 105 000 milliards de dollars dans les pays émergents, soit plus du double d’il y a dix ans (50 000 milliards de dollars), selon les derniers chiffres publiés le 7 mai par l’Institute of International Finance, une association internationale d’investisseurs privés. investisseurs. « Les grands pays émergents comme le Brésil ou l’Inde se tournent davantage vers leur marché intérieur pour emprunter, ce qui les protège » Cependant, Neil Shearing relativise la situation.
« Des incertitudes élevées et persistantes »
Certes, la faiblesse de leurs monnaies favorise les exportations de ces pays vers les Etats-Unis. Mais la hausse de la monnaie américaine les oblige aussi à maintenir des taux directeurs élevés, pour empêcher les capitaux de fuir vers le pays de Joe Biden, où les rendements sont élevés, mais aussi plus sûrs. Or, ces taux élevés renchérissent le coût du crédit local, au détriment des entreprises. Si ces pays peuvent être tentés de redonner un nouveau souffle à leur économie en baissant les taux d’intérêt, la crainte de voir des capitaux affluer vers les Etats-Unis pourrait les dissuader.
La Banque centrale du Brésil a ainsi ralenti le rythme de la baisse de son taux directeur : mercredi 8 mai, elle l’a réduit de seulement 0,25 point de pourcentage, à 10,50 %. Une décision qu’elle justifie par « incertitudes élevées et persistantes quant au début de l’assouplissement de la politique monétaire aux États-Unis ». Le lendemain, la Banque centrale du Mexique maintenait son taux inchangé à 11 %.
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