La hausse des salaires observée actuellement sur le continent européen fait craindre à la Banque centrale européenne une nouvelle accélération de l’inflation après un ralentissement sur un an observé en avril 2024. En réaction à cette nouvelle situation imprévue, un consensus se dessine parmi les gouverneurs de la place financière européenne. institution favorable à une baisse de ses taux d’intérêt à partir de juin prochain.
La croissance des salaires a atteint 4,69% au premier trimestre 2024, alors qu’elle n’était que de 4,45% au dernier trimestre 2023. Cette évolution imprévue inquiète la Banque centrale européenne qui craint que l’inflation ne reprenne sa tendance haussière. Aussi, à la lumière de ces chiffres publiés le 23 mai, l’institution financière européenne entend baisser ses taux d’intérêt par mesure de prudence.
Consensus au sein du Conseil des gouverneurs
» Il me semble qu’un consensus assez général s’est dégagé sur la possibilité d’une baisse des taux », avait déclaré précédemment Fabio Panetta, gouverneur de la Banque d’Italie, lors de la conférence de presse tenue à l’issue de la réunion des ministres des Finances du G7 à Stresa, dans le nord de l’Italie. Idem pour le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, qui n’a pas exclu, à l’issue de la même réunion, la possibilité de commencer à baisser les taux à partir du mois de juin, même si, pour ce dernier, la reprise des salaires la croissance n’est pas particulièrement inquiétante.
Ce soutien plus large induit par cette nouvelle réalité des salaires sur le continent européen incite ainsi les membres du Conseil des gouverneurs de la BCE à considérer leur décision de baisse des taux d’intérêt à partir de juin prochain comme nécessaire. Pour ces derniers, une croissance des salaires supérieure à 3 % induirait une pression sur les salaires favorisant une poussée haussière de l’inflation.
La hausse des salaires est pourtant légitime, selon la BCE
Cependant, malgré ces prévisions assombries, la Banque centrale européenne considère comme légitime cette augmentation des salaires souhaitée par les travailleurs européens qui cherchent à compenser la perte de leurs revenus. Cette augmentation, estime l’institution financière européenne, est acceptable, d’autant que les entreprises sont en mesure de couvrir les dépenses supplémentaires qui en résultent, via leurs marges bénéficiaires.
Rappelons enfin que cette possibilité d’aller vers une baisse des taux d’intérêt avait déjà été évoquée en avril dernier. Mais, à l’époque, la BCE s’était abstenue d’exprimer ses inquiétudes sur plusieurs données. Elle s’inquiétait déjà de l’évolution incertaine de l’inflation dans les services, de l’évolution des salaires, de l’environnement géopolitique européen et international, ainsi que des futures décisions de la Réserve fédérale américaine.
Par ailleurs, même en prévoyant la possibilité d’un départ ascendant de la courbe d’inflation, la Banque centrale européenne avait, dans un premier temps, décidé de maintenir ses taux d’évolution à un rythme de 25 points de base par trimestre (1 point de base = 0,01 %).