La hausse des impôts fonciers effraie les acheteurs de biens immobiliers

La taxe foncière fait fuir les acquéreurs immobiliers ! Cela paraît impensable, et pourtant c’est la réalité pour certains propriétaires. Cet impôt local, payé par 34 millions de contribuables, ne cesse d’augmenter. Nice (+19,2%), Saint-Étienne (+15%), Nancy (+14,5%) et Annecy (+14,1%) sont les villes où la taxe foncière a le plus augmenté en 2024. Et cette mauvaise nouvelle devrait se poursuivre en 2025. Des hausses successives qui pèsent de plus en plus lourd sur les budgets des acquéreurs immobiliers.

À Saint-Étienne (42) par exemple, l’une des villes les moins chères de France (1376 euros le m²), la taxe foncière représente l’équivalent de plus de deux mois de crédit supplémentaire par an, selon le courtier Meilleurtaux. À Perpignan et Nîmes, elle pèse 1,8 mois de crédit supplémentaire.Avec la suppression de la taxe d’habitation, les acquéreurs sont de plus en plus sensibles aux taxes foncières comme le DPEconfirme Nicolas Marchais, directeur de l’agence Orpi Marchais Immobilier à Perpignan. Ils le sont encore plus s’il s’agit d’investisseurs locatifs car l’augmentation de la taxe foncière réduit le rendement locatif.. Pour des appartements de 2 pièces de 41/42 m² loués environ 500 euros par mois, la taxe foncière s’élève à environ 900 euros et peut grimper jusqu’à 1100/1200 euros pour les appartements de 3 pièces.»

Le poids de la taxe foncière est souvent inversement proportionnel au prix de l’immobilier. C’est notamment le cas à Paris où, malgré l’explosion de la taxe foncière, l’impôt local ne pèse que 0,3 mois de crédit supplémentaire. Une « bagatelle » comparée au coût élevé du prêt immobilier en raison des prix élevés dans la capitale. Idem à Lyon (0,5 mensualité par an) ou à Bordeaux (0,9 mensualité).La taxe foncière est un indicateur à prendre en compte mais qui n’est pas de nature à remettre en cause un achat immobilier« , précise Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux, qui publie chaque année une étude sur le poids de la taxe foncière dans le budget des emprunteurs immobiliers des 30 plus grandes villes de France.

Faire payer les locataires

A Lisieux, dans le Calvados (14), un propriétaire foncier affirme ne pas pouvoir vendre sa maison de 95 m², car la taxe foncière a grimpé de plus de 29% en deux ans, passant de 1700 à 2200 euros. L’équivalent de presque un mois de pension pour cet ancien restaurateur qui touche une pension de 2500 euros depuis qu’il a arrêté son activité en 2023.Les acheteurs s’enfuient quand je leur annonce le montant de la taxe foncière« , affirme ce retraité de 63 ans, cité par Capital, qui avoue ne pas être « le plus à plaindre« Si l’on estime le prix moyen du m² à 2 100 euros (Figaro Immobilier), sa maison vaut 199 500 euros. Pour un prêt sur 20 ans à 3,6 % (hors assurance), la mensualité s’élève à 1 224 euros, a calculé Meilleurtaux. »La taxe foncière de 2200 euros représente donc 1,8 mois de crédit supplémentaire par an« , souligne Maël Bernier. Avec un tel score, Lisieux arriverait en deuxième position du classement Meilleurtaux.

Même si la mairie de Lisieux n’a pas augmenté son taux, qui sert à calculer le montant de la taxe foncière, celui-ci reste bien supérieur à la moyenne nationale : 51,06% contre 35,8%.Les élus de Lisieux font de belles choses pour la ville, mais les propriétaires ne pourront pas toujours répondre aux besoins de la mairie.« , prévient l’habitant de Lisieux. Ce sont des refrains que l’on entend souvent de la part de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI), qui réclame que la taxe foncière soit payée en partie par les locataires, dans le cas où le propriétaire n’occupe pas le logement. »Les propriétaires ont l’impression de payer pour tout le monde car ils sont considérés comme riches alors que la plupart d’entre eux ne le sont pas et que la propriété est un outil social.», insiste Sylvain Grataloup, le président de l’UNPI qui dénonce une «problème d’équité fiscale« .