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La guerre n’est pas le chemin le plus court vers la paix, par Dominique de Villepin (Le Monde Diplomatique, juin 2024)

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Alexandre Massouras. – « Et puis la sonnette a sonné », 2011

© Alexandre Massouras – Galerie Anne-Sarah Bénichou, Paris

La «  Paix américaine » se termine et laisse le monde dans un grand désarroi. Depuis trois décennies, les États-Unis, suivis de leurs alliés, seuls en scène, ont cru pouvoir remodeler le monde à leur image, par l’influence, en se croyant exemplaires, par la régulation, en se présentant comme sources du droit, et, de plus en plus, par la force, se sachant les plus puissants. Ce faisant, ils ont perdu de vue leurs propres promesses et ont déclenché un tollé mondial dont nous payons tous aujourd’hui le prix.

L’heure n’est pas à regarder en arrière mais à tirer les leçons et à regarder en avant, vers le monde à venir, prisonnier d’un mécanisme infernal, rouage d’une guerre mondiale, faite de trois processus parallèles.

Tout d’abord, la fragmentation du monde. Elle résulte principalement d’une dérégulation de la force sans précédent. Le consensus de 1945 fondant un ordre international au service de la résolution pacifique des crises, s’est poursuivi dans l’intérêt de la désescalade pendant la Guerre froide, puis comme « policier du monde » par l’hyperpuissance américaine, s’est désintégrée.

D’une part parce que les puissances occidentales garantes de cet ordre se sont affranchies de leurs propres règles, agissant en dehors du cadre juridique international, au Kosovo en 1999, en Irak en 2003, sans garde-fous, comme en Libye en 2011, et sans politique politique. perspective, comme au Sahel depuis 2013. De l’autre, l’érosion du droit est l’œuvre de puissances, comme la Russie ou la Chine, insatisfaites de l’ordre de 1945 qui leur laissait trop peu de marge et qui semblent justifier une politique plus décomplexée. recours à la menace et à la force.

La fragmentation naît aussi d’une accélération des crises rendant le monde plus explosif que jamais, après le feu de brousse des guerres civiles résultant de la « printemps arabe » de 2011, en Libye, en Syrie, au Yémen. Tous les conflits gelés des années 1990 semblent brûlants : guerre en Ukraine depuis 2014 et plus encore en 2022, double guerre au Haut-Karabakh entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie (…)

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Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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