La guerre entre la Russie et l’Ukraine s’exporte-t-elle au Sahel ?

L’armée malienne, appuyée par des mercenaires russes de l’Africa Corps, ex-Wagner, a subi une lourde défaite fin juillet face aux rebelles touaregs. Les services de renseignements ukrainiens affirment que cette victoire a été possible grâce à leur soutien.

Fin juillet, dans le nord du Mali, à Tinzaouatène, de violents combats ont eu lieu entre des rebelles touaregs et des forces armées maliennes appuyées par des éléments de l’Africa Corps, l’ancien groupe russe Wagner. Les rebelles affirment avoir tué 84 mercenaires et 47 soldats maliens. Cet événement est a priori éloigné de l’agression ukrainienne, mais le 29 juillet, un haut responsable des services de renseignement ukrainiens a affirmé que les rebelles touaregs avaient reçu de leur part des informations sur les opérations de l’armée malienne. « informations utiles » à cette victoire. Cette déclaration a suscité de vives réactions parmi les diplomates ouest-africains, ainsi que de la part de la Russie, qui a accusé l’Ukraine d’avoir ouvert une « deuxième front » en Afrique.

Les mercenaires de l’Africa Corps, nouveau nom de la société militaire privée Wagner, n’avaient jamais subi une telle défaite depuis leur arrivée au Mali en 2022. De violents combats les ont opposés aux membres du Cadre stratégique permanent – Défense du peuple de l’Azawad, le CSP-DPA, un conglomérat de groupes indépendantistes touaregs partis en guerre contre la capitale malienne Bamako et ses alliés russes. Selon Andryi Yousov, porte-parole des renseignements militaires ukrainiens, les Touaregs ont gagné parce qu’ils ont reçu le soutien ukrainien.

Des propos tempérés par Mohamed Elmaouloud Ramadane, porte-parole du CSP-DPA : « C’est vrai que nous avons des amis partout dans le monde. Nous ne sommes pas isolés, nous tendons la main, nous multiplions les contacts parce que nous subissons des massacres. Notamment envers ceux qui, comme nous, souffrent de la terreur de Wagner, comme le peuple ukrainien. » Cependant, selon les informations du journal Le mondeCertains chefs rebelles se seraient rendus en Ukraine et d’autres auraient reçu une formation au maniement des drones de la part des Ukrainiens. De son côté, Mohamed Elmaouloud Ramadane ne confirme pas ces informations.

Ce ne serait toutefois pas la première fois que l’Ukraine s’illustre sur le continent africain face à la Russie. En 2023, des forces spéciales avaient déjà été envoyées dans un quartier de la banlieue de Khartoum, la capitale soudanaise, afin d’éliminer des éléments de Wagner.

Suite à cette affaire, les capitales malienne et nigérienne ont rompu leurs relations diplomatiques avec Kiev. Dans un tweet du vendredi 9 août, l’Alliance des États du Sahel, composée du Mali, du Niger et du Burkina Faso, a également publié une photo d’un drone, identifié selon elle sur le lieu de l’attaque à Tinzaouatène et « utilisé par l’armée ukrainienne dans le conflit avec la Russie. »