La guerre fait rage entre la LFP, Canal+ et même beIN Sports… Et pour cause. Dans un peu plus de 70 jours, la Ligue 1 reprendra ses droits – sans jeu de mots – et pour l’instant personne ne sait encore où sera diffusée la compétition. Loin du milliard espéré par Vincent Labrune il y a quelques mois, les derniers chiffres évoqués ont de quoi faire trembler les différentes équipes françaises. Après un appel d’offres infructueux en octobre 2023, la Ligue s’est lancée dans des discussions de gré à gré avec les principaux acteurs du marché, espérant décrocher le jackpot pour la commercialisation des droits TV du cycle 2024-2029. Oui mais voilà, alors que beIN Sports semblait prêt à acquérir les droits pour 700 millions d’euros par saison, mais à condition que Canal+ prenne aussi quelques matches, les négociations ont fini par s’enliser.
Les négociations sont bloquées !
Candidate numéro un au rachat, la chaîne qatarie n’a, en effet, pas encore trouvé d’accord avec le diffuseur historique de la L1 pour une offre commune. Bien décidé à ne pas faire de cadeaux à la LFP après le fiasco Mediapro, Maxime Saada, patron de la chaîne cryptée, se retrouve alors en position de force et pousse l’instance du football français à s’appuyer sur d’autres alternatives. Dans cette optique, l’ancien président de l’Olympique de Marseille a notamment évoqué la possibilité de créer une chaîne qui serait consacrée uniquement aux matchs de Ligue 1. Selon L’équipe, cette toute nouvelle chaîne serait alors diffusée par tous les opérateurs, que ce soit SFR, Orange ou encore Free. Un moindre mal qui semble pourtant de plus en plus compromis, notamment en termes de délais et qui pourrait conduire la Ligue à se rapprocher d’anciennes connaissances.
Ainsi, à l’heure où Canal+ estime qu’au-delà de 500 millions d’euros tous droits par an, les diffuseurs perdront financièrement – le cap des 2 millions d’abonnés exclusifs ne peut être franchi – DAZN et Amazon Prime restent encore des candidats potentiels. Des possibilités qui ne permettront cependant pas d’approcher les 850 millions d’euros souhaités (droits internationaux inclus)… Pour rappel, le service, imaginé comme un « Netflix sportif », avait proposé, l’hiver dernier, 500 millions d’euros pour récupérer tous les droits avant de retirer son offre face aux doutes exprimés par la Ligue. De son côté, le géant de la livraison – déjà doté d’un système et d’équipes en place – avait fait une proposition d’une valeur de 100 millions d’euros pour avoir une grande affiche et d’autres matches de second rang.
Un montant réduit ?
Face à l’impasse et à l’incertitude grandissante, les deux diffuseurs pourraient donc resurgir avec l’idée de récupérer une ou deux rencontres. Une chose est sûre, cet autre scénario ne permettra pas non plus à Vincent Labrune d’atteindre le jackpot espéré. De quoi envisager une autre issue, là encore angoissante… En effet, le quotidien français indique, dans son édition du jour, que la LFP pourrait accepter une offre inférieure, précisant que « si la décote est trop importante, l’organisme pourrait à terme opter pour un contrat plus court que les cinq années initialement prévues (2024-2029, ndlr) ». Si le temps presse et la perspective d’atteindre les 700 millions d’euros est désormais illusoire, les différents plans évoqués ont en tout cas de quoi alarmer les différentes équipes françaises.
Alors que les pouvoirs publics continuent de suivre de près ce dossier afin d’éviter une nouvelle catastrophe industrielle – rappelons que les droits de télévision de la L1, via les 5% prélevés par la taxe Buffet, servent aussi à financer le sport amateur – les différents acteurs, que ce soit du côté de la Ligue ou du côté des clubs, sont effectivement à bout de nerfs. Comment établir un budget prévisionnel face à tant de zones d’ombre ? Quelles sont les stratégies possibles à l’aube du mercato estival ? Plus généralement, quel avenir pour le football français ? Autant de questions qui poussent les dirigeants des clubs. Jean-Marc Mickeler, patron de la DNCG, a adressé une lettre de trois pages aux clubs de Ligue 1, de Ligue 2 et de National. Dans ce dernier, le responsable des audits a alors appelé à la prudence, recommandant de maintenir le montant des droits TV actuels, à savoir 663 millions d’euros, pour préparer le budget de la saison prochaine.
Les clubs français sont inquiets…
En attendant de connaître les montants définitifs, de nombreux clubs français vont donc devoir se serrer la ceinture et gérer au mieux leur masse salariale pour ne pas se faire sanctionner par la police financière avant le début du mercato estival. Rappelons par exemple que la part des droits TV dans le budget du Montpellier HSC représentait 71,2% au 30 juin 2023. Une dépendance également notable pour d’autres équipes françaises – Clermont (65,7%), Rennes (42,3%), Lorient. (41,6%), Nantes (41,2%) – et justifiant largement les tensions actuelles… Un contexte d’autant plus effrayant que l’arrivée de CVC Capital Partners au capital de la LFP viendra, là aussi, réduire les sommes allouées. aux clubs.
« Une réduction serait une double peine. Parce que vous aurez des droits inférieurs. Et dans le même temps, CVC commencera à percevoir un pourcentage de revenus d’environ 13 %. CVC prendra même 20 % la première année, les 13 % des montants auxquels ils ont souscrit, avec une dîme sur l’argent investi à l’arrivée (1,5 milliard d’euros). Si vous disposez de 500 millions d’euros de revenus liés à la loi, vous devrez rembourser 100 millions à CVC la première année., a rappelé, à ce propos, Christophe Bouchet, ancien président de l’Olympique de Marseille. Du gros milliard espéré au brouillard épais observé, voici la triste réalité à laquelle Vincent Labrune et le football français doivent aujourd’hui faire face…
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