La robotisation ne suffit pas à vaincre les Russes, affirme le ministre ukrainien de la Transformation numérique Mykhailo Fedorov, mais son développement est l’une des clés du conflit et il doit être « intégré à la culture » de l’armée ukrainienne. Dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 août, parallèlement à une incursion terrestre, la première du genre sur le territoire russe, les forces ukrainiennes ont revendiqué une attaque de drone contre une base aérienne de la région de Lipetsk.
Quelles réalisations de votre ministère ont eu le plus grand impact sur le champ de bataille ?
Il s’agit du projet « Drone Army », qui consistait à créer un marché hautement concurrentiel qui encouragerait la production de très gros volumes de drones. En 2023, la production a été multipliée par 120. On est passé de plusieurs milliers à un million d’unités cette année, et même plus. Le marché des plateformes robotiques terrestres est également en plein essor, tout comme celui des systèmes de guerre électronique, à l’échelle tactique comme stratégique. Il en va de même pour l’intelligence artificielle et la production de munitions pour drones.
Nous recherchons des technologies fondamentales pour la guerre, et nous faisons tout pour ouvrir et stimuler les marchés, pour lancer des commandes et des achats de ces produits. (des chiens robots, conçus pour effectuer des missions dangereuses, comme inspecter des tranchées russes ou détecter des mines, sont actuellement testés en Ukraine). Basé sur le projet Brave1 (un vivier de projets militaires de haute technologie basé sur le modèle de l’agence américaine Darpa)nous développons séparément des compétences scientifiques, de recherche et de développement, qui nous permettent de cultiver des talents et de les financer.
La lancette russe (munition de longue portée) a démontré son efficacité sur le champ de bataille. À quel stade de développement se trouve le projet ukrainien équivalent ?
Sept entreprises affichent des résultats plutôt satisfaisants. Deux d’entre elles ont déjà reçu des contrats et ont lancé la production industrielle avec des centaines voire des milliers d’unités, déjà utilisées sur le front, avec une autonomie comprise entre 40 et 60 kilomètres. Les autres sont en phase de test ou ont signé de petits contrats.
En janvier, vous avez encouragé les Ukrainiens à assembler des drones chez eux. Or, la production est déjà extrêmement fragmentée et de nombreux fabricants se plaignent de la bureaucratie et de la lenteur de la certification des produits militaires. Où se situe le juste équilibre entre la concurrence et la nécessité d’augmenter la production d’armes ?
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