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La Grèce demande l’annulation de la conversion d’une ancienne église en mosquée

L’annonce, en 2020, de la transformation de ce joyau byzantin a suscité la colère des autorités grecques, qui ne s’en sont jamais séparées depuis. Deux jours avant de se rendre en visite officielle à Ankara, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a indiqué samedi 11 mai qu’il comptait demander au président turc Recep Tayyip Erdogan de« annuler la décision » concernant la reconversion en mosquée de l’ancienne église orthodoxe Saint-Sauveur-in-Chora, à Istanbul.

Illustration du virage islamo-nationaliste du pouvoir turc, le lieu de culte, désormais musulman, a rouvert ses portes début mai, après quatre ans de travaux. Recep Tayyip Erdogan, qui célébrait cet événement depuis Ankara, avait en effet ordonné sa reconversion en août 2020 – un mois après la réouverture au culte musulman de l’ancienne basilique historique de Sainte-Sophie.

« Le fait que la mise en œuvre (de Saint-Sauveur-en-Chora) coïncide avec ma visite me permettra certainement d’évoquer cette question et de voir s’il existe une possibilité de revenir sur cette décision », a soutenu Kyriakos Mitsotakis lors d’un entretien à la télévision publique grecque AlphaTv. Avant de taxer cette réouverture d’action » complètement inutile » Et, « dans une certaine mesure, provocateur » en ce qui concerne les relations gréco-turques, mais aussi en ce qui concerne le patrimoine mondial et « respect de son caractère intemporel ». Une rhétorique véhémente qui n’est pas sans rappeler celle du ministre grec des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, qui a également estimé lundi 6 mai que la reconversion de Saint-Sauveur-in-Chora «altère son caractère et porte atteinte à ce monument du patrimoine mondial de l’UNESCO appartenant à l’humanité».

Une histoire millénaire

En plus de son histoire millénaire rivalisant avec celle de Sainte-Sophie, l’église Chora est surtout connue pour ses magnifiques mosaïques et fresques datant du 14ème siècle – dont une composition monumentale du Jugement dernier. Construit en Ve siècle, Saint-Sauveur-in-Chora avait déjà été transformée en mosquée en 1511 par les Ottomans. De cette époque date un premier masquage des décors, sous un badigeon de chaux. Ils n’ont été redécouverts qu’en 1948, lorsque deux scientifiques de Institut byzantin d’Amérique et Centre d’études byzantines de Dumbarton Oaks a parrainé un programme de restauration.

Depuis, réputée pour la qualité exceptionnelle de ses fines mosaïques à fond d’or et de ses fresques exécutées entre 1315 et 1321, la mosquée avait été retirée du culte pour devenir musée en 1958. Une transformation contestée, en novembre 2019, par les autorités turques. Conseil d’État. L’annonce en 2020 de la transformation du lieu de culte en mosquée avait fait naître des craintes quant au sort des mosaïques et fresques de l’édifice, l’Islam interdisant les représentations figuratives.

« Galvaniser la base »

Très médiatisées, les reconversions de Sainte-Sophie et de l’ancienne église de Chora en mosquées ont généralement été interprétées par les observateurs et spécialistes de la civilisation turque comme une tentative de galvaniser la base électorale conservatrice et nationaliste du président Erdogan, dans un contexte de difficultés économiques alors significativement aggravées. par la pandémie de Covid.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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