Divertissement

Judith Godrèche et des collectifs de cinéma manifestent à Paris pour le retrait du président du CNC

« Séparez l’homme du CNC. » Plusieurs dizaines de personnes, dont l’actrice Judith Godrèche, se sont rassemblées ce lundi matin devant le siège du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) dans le 14e arrondissement de Paris, pour réclamer le retrait de son président Dominique Boutonnat. Accusé d’agression sexuelle par son filleul, le directeur de l’établissement doit être jugé en juin.

L’actrice a relayé dimanche soir un appel à manifester aux pieds de l’institution, lancé par « des artistes et des techniciens ». (sic) » membres de diverses associations comme le Collectif 50/50, qui œuvre pour la parité, l’égalité et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel, ou encore l’ADA (Association Des Acteurs.ices), l’ARDA (L’Association des Responsables de Distribution Artistique), DIVE+ qui encourage l’inclusion et la diversité dans le cinéma, Women on Camera et la CGT Spectacle. Mais aussi « les producteurs et autres professionnels (sic) à l’exclusion des syndicats et des associations, mais aussi de tous également indignés (sic) « .

« Si Dominique Boutonnat bénéficie de la présomption d’innocence, il nous semble néanmoins essentiel que notre principale institution donne l’exemple », exhortent ces professionnels et militants dans le texte d’une pétition pour la destitution de l’ex-producteur, qui a accumulé ce lundi matin plus de 1.200 signatures.

« Nous regrettons que l’incongruité de cette situation finisse par discréditer définitivement son action et les propositions qu’il s’apprête à faire. Nous souhaitons que le CNC reste un lieu où la parole est libre, y compris pour les agents. (sic) de cette institution publique, et cesse d’être le symbole de l’insupportable contradiction qui incarne trop souvent cet environnement, et la culture en général », écrivent-ils.

« Malory on te croit »

Dans les images relayées en ligne par les journalistes, les quelques dizaines de manifestants sont rassemblés derrière une grande banderole et brandissant plusieurs pancartes : « Notre silence s’installe, notre colère dérange » et « On se lève et on casse », en référence aux propos de l’actrice Adèle. Haenel lors de son départ fracassant de la cérémonie des Césars 2020, qui couronnait le réalisateur Roman Polanski, accusé de viol. « Malory on te croit », est également écrit sur une pancarte, nom d’emprunt du filleul de Dominique Boutonnat, cité dans une enquête de Libération publiée vendredi. Plusieurs exemplaires du journal, qui titre en Une « L’homme qui embarrasse le cinéma français », sont également brandis.

Judith Godrèche, qui avait déclenché ces derniers mois une nouvelle vague du mouvement #MeToo au cinéma après des accusations de violences sexuelles et physiques contre le réalisateur Benoît Jacquot et avec Jacques Doillon, milite depuis plusieurs semaines pour que le président du CNC quitte son poste. fonctions au sein de l’organisation, suite aux accusations portées contre lui.

Nommé par Emmanuel Macron en juillet 2019 à la tête du CNC, organisme placé sous l’autorité du ministre chargé de la Culture, Dominique Boutonnat a été mis en examen en février 2021 après une plainte de son filleul, avec qui il n’avait aucun lien familial. Le jeune homme l’accusait d’une agression sexuelle qui aurait été commise en août 2020, lors de vacances en Grèce, alors que ce dernier avait 21 ans. Une version contestée par l’homme de 54 ans, qui évoque seulement « des baisers consensuels, des gestes d’affection qu’il a arrêtés lorsqu’il a senti de la part de son filleul que ce geste aurait pu dégénérer en autre chose », selon son avocat.

Malgré cette plainte, le président du CNC a été reconduit pour un nouveau mandat de trois ans en juillet 2022. Après le report du procès, Dominique Boutonnat sera finalement jugé le 14 juin.

« C’est quoi cette blague ? »

Auditionnée par le Sénat fin février, Judith Godrèche avait déjà demandé sa suspension. Elle a ensuite évoqué « ces producteurs » qui se rendent au CNC pour suivre une formation contre les violences sexuelles « en riant », se retrouvant dans « un immeuble, une institution dont le président est lui-même accusé de violences sexuelles ». « C’est quoi cette blague ? », se demande-t-elle. L’actrice de 54 ans avait d’ailleurs lu une lettre de dix organisations du septième art adressée au président de la République. « Cette bataille est politique. (…). Avec des lettres polies, ils n’ont rien reçu », a-t-elle déclaré.

VIDÉO. Judith Godrèche a demandé la destitution du directeur du CNC, Dominique Boutonnat, mis en examen pour agression sexuelle

Dans un entretien au Parisien – Aujourd’hui en France, elle a également estimé que c’était « un symbole d’avoir à la tête de cette institution un homme qui, même s’il n’a pas encore été jugé, est mis en examen ». Interrogée par notre Dans le journal, l’entourage professionnel de Dominique Boutonnat plaidait alors que cette mise en examen « n’empêchait pas le CNC de fonctionner normalement et de s’engager, plus que tout autre secteur d’activité, sur la question de la prévention et de la lutte contre les violences sexuelles ».

Cette mobilisation intervient également à la veille du démarrage de la commission d’enquête sur les violences sexistes et sexuelles au cinéma, constituée mardi, une initiative également réclamée par Judith Godrèche. La date correspond également à l’ouverture de la 77e édition du festival de Cannes, au sujet de laquelle circulent depuis des semaines des rumeurs d’accusations liées au #MeToo. L’actrice, qui a refusé de « répandre » ces rumeurs, qu’elle accuse de « faire ressembler les victimes à des corbeaux », présentera lors de la compétition un court métrage, « Me Too ». Un film réalisé avec un millier de victimes de violences sexuelles qui ont répondu à son appel sur les réseaux sociaux.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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