La grande déconfiture des équipementiers automobiles, face à la baisse des ventes et au passage à l’électrique
Une bouffée d’air frais pour un secteur en crise. Du 14 au 20 octobre, plus de 500 000 visiteurs ont parcouru les allées du Mondial de l’Automobile de Paris, Porte de Versailles, à Paris. Cette parenthèse enchantée pour le monde de l’automobile s’est très vite refermée. Les stands n’avaient même pas été démontés lorsque l’Association des constructeurs européens d’automobiles a annoncé une nouvelle baisse des ventes (4,2%) en septembre, malgré un léger rebond des véhicules électriques. La production automobile s’élève désormais à 16 millions de véhicules en Europe contre 20 millions avant la pandémie de Covid-19.
Les conséquences sont brutales. La Clepa, qui regroupe les entreprises fournisseurs des constructeurs au niveau européen, tire également la sonnette d’alarme : entre 2020 et 2023, ses entreprises ont perdu 86 000 emplois en Europe et « 32 000 suppressions de postes supplémentaires ont été annoncées sur les six premiers mois de 2024 »informe-t-il. Ce n’est probablement pas encore fini.
Illustration à Paris, mardi 22 octobre : une réunion s’est tenue à Bercy, au comité interministériel de restructuration industrielle, le service des entreprises malades, pour tenter de sauver le groupe GMD. Reprenant la fonderie GM&S à La Souterraine (Creuse) en 2017, il est à son tour en difficulté. En jeu : 5 200 emplois, dont 1 800 en France, et 34 sites, dont 17 en France. Le groupe a toutefois suivi Renault et Stellantis au Maroc, en Espagne et en Europe de l’Est. Il leur fournit des équipements pour les intérieurs de portes ou les accoudoirs arrière. Mais sa dette est telle que le fondateur de GMD, Alain Martineau, 77 ans, n’en peut plus.
Une inquiétude palpable
A son chevet, les acheteurs ne se précipitent pas. Le dernier en ligne serait, comme révélé Les Échosle fonds de restructuration Montyon Capital, qui vient d’être créé par Pierre-Edouard Stérin, le milliardaire conservateur fondateur de Smartbox, exilé fiscal à Bruxelles, et son bras droit, François Durvye, proche de Marine Le Pen, avec le financier Pascal Lebard. Même s’ils ont donné à leur fonds le nom d’un philanthrope, leur approche ne l’est pas. Ils entendent amener le gouvernement à renoncer au prêt garanti par l’État (PGE) accordé à GMD et à tordre les bras aux banques pour qu’elles transforment leurs prêts en capital, avant de reprendre l’entreprise, pour la faire croître. .
Car GMD est loin d’être le seul dans cette situation. Grâce à la hausse des prix des voitures après la pandémie de Covid-19, les constructeurs ont fait des réserves. Pas leurs fournisseurs, qui doivent remédier à la baisse des volumes et au basculement vers l’électricité, tout en continuant à réduire les coûts pour satisfaire une clientèle toujours plus exigeante. Les agences de notation, inquiètes, baissent leurs notes. Un exercice impossible.
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